La plus grande incertitude règne concernant la tenue de l’événement indépendantiste majeur de l’année : la manifestation du 11 septembre.
Chaque année, la manifestation indépendantiste à l’occasion de la fête nationale du 11 septembre marque le début de la rentrée politique en Catalogne. La Diada est une démonstration de force des indépendantistes qui – lorsqu’elle est massive – conditionne le reste de l’année politique.
Le président ultra-indépendantiste Quim Torra, dans le cadre de la lutte contre le Covid, a interdit les rassemblements de plus de dix personnes en début de semaine. Une mesure qui concerne les manifestations et la Diada « ne pourra pas avoir lieu » a d’abord annoncé Torra. Avant de rétropédaler quelques heures plus tard. « Si le port du masque et les distances de sécurité sont respectés, la manifestation pourra avoir lieu » a-t-il complété.
Le président est face à un choix cornélien. Suivre sa politique très ferme en matière sanitaire telle qu’il la mène depuis le mois de mars et limiter au maximum la Diada, voire l’interdire. Ou au contraire, suivre son instinct indépendantiste et lâcher du leste face à une manifestation à laquelle il participe personnellement depuis quarante ans.
La position des organisateurs
La principale association indépendantiste organisatrice de l’événement, l’Asemblea Nacional Catalana (ANC), a présenté son projet au gouvernement catalan. La manifestation ne serait pas concentrée uniquement sur Barcelone, mais décentralisée dans toute la Catalogne.
Concrètement, devant les sièges des impôts espagnols et de la sécurité sociale afin de dénoncer la supposée spoliation fiscale dont est victime la Catalogne. Les manifestations seront statiques, avant inscription préalable et un système de fan zone pour contrôler les accès. La distance sera de deux mètres entre les participants avec un marquage au sol. Le port du masque sera obligatoire et il ne sera pas possible de tenir à plusieurs personnes la même banderole.
La position de la police
Les Mossos d’Esquadra ont rendu un rapport au gouvernement expliquant que la tenue de plus de cinquante manifestations dans différentes parties de la Catalogne, en pleine alerte sanitaire, rend impossible de « garantir la sécurité et le bon respect des mesures ». Ils jugent « irréaliste » que tous les manifestants respectent la distance, et qu’il est impossible de contrôler que toute la foule respecte les règles sanitaires.
La position des médecins
Le chef du service l’épidémiologique de l’hôpital Clínic de Barcelone, Antoni Trilla, a déconseillé les manifestations de masse comme la Diada en Catalogne et a recommandé de prendre des mesures pour éviter l’affluence dans les transports publics.
L’épidémiologiste, dans une interview sur la radio Rac1 cette semaine, a estimé que « la chose la plus raisonnable est de ne pas manifester en masse. (…) Je comprends que le 11 septembre est significatif mais, en tant que médecin, tout comme nous avons reporté les principaux festivals ou que nous ne pouvons pas aller voir un match de football, je pense que cette année toute manifestation doit être suspendue ».
Le président catalan et son ministre de l’Intérieur devront arbitrer et rendre leur décision. De l’interdiction totale à une permissivité relative, tous les scénarios sont sur la table du conseil des ministres catalans.