Politik fiction : L’Espagne devient une République

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POLITIK FICTION, c’est le feuilleton de l’été d’Equinox.

Cet article est évidemment une fiction et doit être lu comme tel. Il ne reflète en aucun cas la réalité actuelle de l’Espagne.

Episode 3 : L’Espagne devient une République 

Un an après la victoire du oui au référendum indépendantiste catalan (lire épisode 2 en cliquant ici), le Royaume d’Espagne est en crise.

Le Premier ministre Manuel Valls (lire épisode 1 en cliquant ici) ne lâche rien et refuse de retirer l’armature de l’État espagnol en Catalogne. L’Europe est médiatrice dans le conflit et pilote un plan de retrait progressif des institutions espagnoles sur une période de 10 ans. C’est bien trop long pour les partis catalans et trop court pour Madrid.

Manuel Valls, fort de ses réseaux européens, tente de gagner du temps et a mis sur la table l’impératif remboursement de la dette avant que la Catalogne puisse plier bagage. Valls est fier de son coup et a pu compter sur la complicité de Macron et l’Allemagne, soucieux que l’Espagne puisse remplir ses caisses.

Pendant que Manuel Valls tente de jouer la montre en Catalogne, le reste du pays s’effrite. L’Espagne est atterrée de la perte catalane, et entre dans une crise d’identité. L’extrême-droite de Vox a réussi à donner du crédit à une thèse complotiste : un Français au poste de chef du gouvernement était une conspiration pour briser l’unité territoriale du pays.

« Le chef de l’Etat ce n’est pas moi, c’est le Roi Felipe VI »

Pour se sortir de ce bourbier, Manuel Valls a eu une phrase malheureuse dans une interview sur la chaîne télévisée La Sexta: « en Espagne, la démocratie se partage. Le chef de l’Etat ce n’est pas moi, c’est le Roi Felipe VI, je prends mes responsabilité, qu’il prenne les siennes ». En déviant le problème sur le monarque, qui a gardé le silence durant toute la campagne référendaire, Manuel Valls a ouvert la boîte de Pandore. Le régime monarchiste est tellement faible et fragile qu’il a laissé s’enfuir une région comme la Catalogne. Pablo Iglesias, chef de la gauche Radicale de Podemos, aura la bon mot : « l’unité de l’Espagne c’est un référendum sur la monarchie ». Lors d’une conférence de presse à la Moncloa, Valls lâchera à une journaliste : « écoutez, moi je suis Républicain depuis que je suis né, et dans ma famille ça veut dire quelque chose ». 

La droite et l’extrême-droite acceptent le référendum à condition que l’on puisse aussi voter en Catalogne. Selon les conservateurs, tant que le plan de retrait n’est pas arrivé à son terme, les Catalans font partie du pays. Une thèse avalisée par le Tribunal Constitutionnel.

Le 5 novembre 2023, Felipe 6 n’est plus qu’un simple citoyen. Le changement de régime a été approuvé par 65% des Espagnols, avec une pointe à 82% en Catalogne.

Il n’y a pas eu spécialement de fête dans les rues. Les Espagnols sont épuisés de 3 ans de crise économique dérivée du coronavirus. La crise est tellement forte que les livreurs de Glovo ont cessé leur activité après s’être fait attaqués à maintes reprises et dérober leurs sacs à dos de nourriture.

La monarchie est une page qui se tourne dans la bibliothèque vide et silencieuse qu’est devenue le pays.

La campagne présidentielle

Il faut maintenant élire un Président(e) de la République. Le lendemain même du référendum, Ada Colau a abandonné la mairie de Barcelone et a pris un AVE pour se rendre à Madrid et s’y installer. « Les Catalans que j’aime et que je respecte ont choisi un destin qui est le leur, celui de l’indépendance. Mais moi je suis avant tout une citoyenne espagnole et j’ai le droit de me présenter à une élection de mon pays » annonce tout sourire Colau dans une conférence de presse organisée dans la station Atocha de Madrid. Pour faire oublier sa campagne en faveur de l’indépendance catalane, Colau porte un t-shirt avec un motif représentant une reproduction de sa carte d’identité espagnole.

Le Premier ministre mythique de la droite conservatrice Jose Maria Aznar fait également acte de candidature. Ce sont les deux poids lourds de cette élection. Les autres : José Bono chez les socialistes et la centriste Rosa Díez sont des vieilles gloire de la politique espagnole dont personne ne pense qu’ils pourraient dépasser les 2%. L’extrême-droite de Vox avait 42 postulants pour l’élection, fut incapable d’organiser dans le temps imparti une primaire et se retrouva sans candidat.

Le duel Azna -Colau fut haut en couleur. Aznar propose de supprimer quasiment tous les impôts en cas de victoire tandis que Colau veut un nouvel État providence. « Vous me faites pleurer des larmes de sang avec votre manque d’amour pour les gens » a lancé Colau à Aznar durant le débat. Et d’un coup, une petite goutte rouge vif a coulé de l’œil gauche de l’ancienne maire de Barcelone. La presse conservatrice a hurlé au montage hollywoodien, tandis que les médias de gauche considèrent désormais Colau comme une Sainte laïque. Le visage de Colau apparaîtra avec une petite larme sur ses affiches de campagne façon colorée Andy Warhol. Finalement, elle gagnera l’élection avec 50,4% des voix. Les instituts de soudage sont formels : l’effet de la larme a fait pencher la balance des indécis et permis la victoire.

Manuel Valls est prié de déguerpir de la Moncloa, le règne de Colau à la tête de la République espagnole peut commencer.

FIN.

 

 

 

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