Manuel Valls et Inés Arrimadas se parlent à nouveau. L’objet des discussions est de proposer un front commun des forces favorables à l’unité de l’Espagne pour faire barrage aux indépendantistes lors des élections de l’automne.
Ces dernières semaines, Manuel Valls a perdu deux de ses originalités. Il n’est plus le seul Premier ministre avec des liens en Catalogne depuis la nomination de Jean Castex. Le nouveau chef du gouvernement français parle aussi catalan. Maire de Prades, l’homme est un prudent défenseur du catalanisme.
Et le discours sécuritaire tenu à Barcelone par Manuel Valls est désormais repris par Albert Batlle. Cet ancien chef des Mossos d’Esquadra, actuellement adjoint au maire de Barcelone, est devenu très populaire médiatiquement avec sa politique de tolérance zéro dans la ville. A tel point que Batlle ne ferme pas la porte à présenter sa candidature lors des prochaines élections catalanes. Un scrutin auquel Manuel Valls souhaitait participer avant de renoncer.
Front commun contre l’indépendance de la Catalogne
Une fois encore, les prochaines élections catalanes à l’automne seront marquées par la thématique indépendantiste. Dans le camp souverainiste, la gauche séparatiste (ERC) tentera d’attirer plus de voix que Carles Puigdemont et ses amis. En face, les supporters de l’unité de l’Espagne aimeraient apparaître avec une seule candidature.
Albert Batlle pourrait regrouper autour de lui les nationalistes modérés respectueux de l’identité catalane mais sans l’indépendance au bout du chemin.
Les forces de droite sont beaucoup plus fermes sur la question. Ciudadanos et le Partido Popular proposent une défense de l’unité territoriale sans concession. Les deux partis aimeraient faire un front commun en attirant les socialistes catalans vers leurs positions. Pour négocier une candidature unitaire, la cheffe de Ciudadanos, Inés Arrimadas s’est rapprochée de Manuel Valls.
Manuel Valls : trait d’union
L’ancien Premier ministre était candidat aux municipales de Barcelone pour ce parti. Une négociation à l’époque directement menée par le président de Ciudadanos Albert Rivera. Les deux hommes s’étaient ensuite fâchés quand Valls a rendu possible un second mandat d’Ada Colau pour faire barrage aux indépendantistes. Suite à de nombreux revers électoraux, Albert Rivera n’est plus président de Ciudadanos et a quitté la vie politique.
Inés Arrimadas a pris sa place, avec de nouvelles personnes et une ligne moins à droite. Socialo-compatible même. Après avoir soutenu le gouvernement de Pedro Sanchez lors de l’application de l’état d’urgence, Ciudadanos pourrait désormais voter les budgets de l’état espagnol. Une bonne entente avec les socialistes qu’Arrimadas voudrait importer en Catalogne en passant par Manuel Valls.
L’ancien Premier ministre, lui, reste extrêmement discret sur la question et continue de manœuvrer en coulisses, tout en gardant un œil sur la politique française.