Éclatés en plusieurs partis, les écologistes, surtout en Catalogne, détiennent une part de pouvoir. Décryptage d’une nébuleuse.
Europe Ecologie a réalisé une razzia hier lors des élections municipales françaises. Lyon, Bordeaux, Strasbourg, les grandes villes ont choisi le bulletin vert pour désigner leurs futurs maires. En France depuis les disparitions politiques d’Antoine Waechter et Brice Lalonde, le vert a le teint rouge. A la gauche de la gauche, Europe Ecologie Les Verts empêche que la lutte environnementale soit transversale.
En Catalogne
Un phénomène identique en Espagne et en Catalogne. Le mouvement le plus emblématique de l’écologisme est Iniciativa per Catalunya Verds (ICV- initiative pour une Catologne verte). Dans l’arène politique depuis 1988, le mouvement est une excision écologiste des communistes catalans.
Une des grandes figures politiques d’ICV est Raul Romeva. Ancien député européen du mouvement, il a claqué la porte du parti en 2015 pour rejoindre les indépendantistes catalans, devenir ministre des Affaires étrangères de la Generalitat et finir en prison après la déclaration d’indépendance de 2017.
ICV a également exercé une forte influence à la mairie de Barcelone en soutenant les maires socialistes dans les années 2000. Accusé de clientélisme local et ruiné, le parti a effectué une manœuvre d’entrisme digne de Trotsky en changeant radicalement d’identité. Le parti d’Ada Colau, Barcelona en Comu serait une coquille vide sans les cadres d’ICV qui détiennent la majorité des leviers du mouvement. Radicalement anti-indépendantistes, ces cadres d’ICV ont joué un grand rôle pour que Manuel Valls permette un second mandat de Colau en 2019 en faisant barrage à l’indépendantiste vainqueur du scrutin Ernest Maragall.
Sur le plan des idées, Ada Colau est fidèle à ICV et veut rester dans l’histoire comme la maire qui aura « pacifié Barcelone » en tentant de retirer les véhicules à moteur de Barcelone. En augmentant la création de pistes cyclables et en rendant piétonnes le week-end des artères de Barcelone. Souvent des grandes paroles et des petits actes. Les avenues destinées au piétons depuis la fin du confinement comme le Passeig Sant Joan ou Montjuic seront rendus aux voitures à partir de samedi prochain. Ada Colau n’a pas réussi à résister à la pression des secteurs favorables aux véhicules à moteur. Barcelone continue de dépasser allègrement les taux de pollution édictés par L’Europe.
En Espagne
Dans le reste du pays, PACMA est un petit phénoméne. Le Parti animaliste contre la maltraitance animale n’a certes aucun élu, mais avec des moyens quasiment inexistants le mouvement réussit à chaque scrutin à se tailler une petite part dans la représentation médiatique. La Pacma a fait une pointe à 326 045 électeurs lors des législatives de 2019.
Les verts qui réussissent à flirter avec le pouvoir national en Espagne s’appellent « Compromis » (Engagement). Ce groupuscule d’extrême-gauche de Valence soutient le gouvernement socialiste espagnol avec son député.
Une des grande luttes de l’écologisme espagnol, en passe de devenir une réalité, est la disparition des corridas. Frappé par la crise économique dérivée du Covid19, le gouvernement espagnol ne sera pas généreux pour débloquer des aides pour le secteur de la tauromachie qui de fait pourrait devenir résiduel.