Une nouvelle loi pour réguler le télétravail en Espagne

Au vu des chiffres négatifs de l’épidémie ces derniers jours, la norme devrait rester le télétravail en Espagne. Pour éviter les débordements, le ministère du Travail veut faire adopter une nouvelle loi. Sans pour autant rassurer les organisations syndicales. 

« Le gouvernement espagnol ferme les yeux sur les conditions de travail à domicile en raison de la situation. Il y a beaucoup de gens dans l’avenir qui ne pourront plus travailler de chez eux. Car ils ne remplissent pas les conditions de travail à domicile. Certains salariés sont dans une situation matérielle, de santé, et d’hygiène de vie qui ne sont pas appropriés pour le télétravail en Espagne » confie à Equinox le directeur d’un des plus grands call-centers de Barcelone.

C’est justement pour mettre un peu d’ordre dans ce qui pourrait devenir la nouvelle manière de travailler en Espagne que le gouvernement veut approuver une future loi. La ministre du Travail, Yolanda Diaz, a laissé entrevoir certains pans de la nouvelle norme législative : prise en charge des frais par l’entreprise, le respect du droit à la déconnexion et la sécurité du travailleur.

Télétravail en Espagne : les syndicats veulent une loi claire

Un dessin des grandes lignes qui ne va pas assez en profondeur pour Erik Carrión Tomàs , responsable du secteur call-centers au sein du syndicat CCOO Catalogne.  « Il faudra faire des avenants aux contrats de travail pour indiquer le lieu de travail qui sera le domicile du salarié, ce qui sous-entend qu’il ne pourra pas se déplacer dans une résidence secondaire ou chez de la famille pour travailler » précise à Equinox le syndicaliste.

Erik Carrión Tomàs soulève également la question de la sécurité : « beaucoup d’entreprises empêchent leurs salariés d’utiliser tel ou tel programme à distance ou établissent des protocoles interdisant l’utilisation de la wifi pour des problèmes de sécurité ». Le responsable syndical voit particulièrement problématique « un employé du secteur bancaire qui devrait travailler dans un café et où les gens pourraient voir apparaître sur son écran les comptes bancaires des clients ».

TELETRAVAIL EN ESPAGNECar pour Erik Carrión Tomàs, tout le monde ne peut pas travailler à domicile toute l’année. « Comment expliquer à un enfant que papa ou maman soient enfermés 8 heures par jour dans une pièce sans lui adresser la parole ? Ou que certains vont devoir travailler à long terme dans un coin de la cuisine mal éclairée sur une chaise ».

C’est pour cela que la loi doit devenir très claire pour le syndicaliste, et l’entreprise va devoir régler les frais. « Une boîte paie une personne pour travailler, pas pour utiliser son mobilier, sa climatisation, son matériel ou son abonnement Internet. Avec le télétravail en Espagne, les entreprises économisent beaucoup en frais immobiliers, de nettoyage, de matériel, etc… ». Pour les représentants syndicaux, la loi devra lister très clairement de ce qu’elle remboursera à son personnel.

Télétravail en Espagne et droit à la déconnexion

Enfin, le droit à la déconnexion est un cheval de bataille auquel ne vont pas à renoncer les représentants du personnel. « Il va falloir fournir au salarié un second ordinateur ou un deuxième téléphone portable pour éviter de devoir répondre à toutes heures à des emails ou des conversations sur des groupes whatsapp qui se sont multipliés depuis la pandémie » exige Erik Carrión Tomàs.

Notre directeur de call-center lui aussi va dans le même sens. Durant la pandémie, il a déjà ordonné l’achat de tables, chaises et matériel qui ont été livrés au domicile de ses salariés. Pour transférer définitivement la quasi totalité du personnel de son centre d’appels en télétravail à partir de la rentrée, ce directeur réclame lui aussi un encadrement législatif clair.

Une liste de recommandations que partage la ministre du Travail ,Yolanda Diaz, issue du parti Podemos qui a déclaré chez nos confrères d’El Periodico que « le télétravail ne peut pas être gratuit pour les entreprises ».

teletravail en Espagne

Yolanda Diaz, ministre du Travail

Cependant la responsable politique évite de rentrer dans le concret des mesures qui seront finalement présentées dans la loi. Qui n’a d’ailleurs pas pour le moment de date d’adoption.

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