LOYER BARCELONE. Suite au Covid-19 et à la déclaration d’état d’urgence en mars dernier, le secteur de l’immobilier à Barcelone est presque à l’arrêt. Le marché de la location est fortement perturbé et l’avenir incertain inquiète les professionnels du secteur.
Entre avril 2019 et avril 2020, le prix des locations à Barcelone a augmenté de 6,2% pour atteindre les 17,40 euros/m2, faisant de la capitale catalane la ville la plus chère d’Espagne devant Madrid et San Sebastián. Pour Francisco Iñareta, cofondateur du site d’annonces Idealista, il faudra attendre le déconfinement « pour savoir à quel point le marché a été affecté ».
Ce professionnel de l’immobilier espagnol soutient que l’on observera sans doute une augmentation de l’offre à Barcelone et donc une baisse des prix durant les prochains mois, provoquée par l’accumulation des biens qui n’ont pas pu être loués durant le confinement: « le stock d’appartements disponibles évoluera suite à l’arrêt de l’achat-vente et l’entrée de nouvelles offres à cause des divorces, héritages ainsi que des propriétaires qui auront besoin de liquidités ». Une baisse des prix des loyers qui ne devrait durer que quelques mois selon Francisco Iñareta. « Nous reviendrons ensuite une situation similaire à celle d’avant la pandémie » assure-t-il.
Une analyse partagée par l’économiste catalan Agustí Jover. « Les prix des loyers vont baisser durant un certain temps à Barcelone, mais beaucoup de familles touchées par la précarité ne pourront tout de même pas accéder à ces biens » s’inquiète le porte-parole de la Commission Urbaine du Collège d’Economie de Catalogne. Pour la plupart des économistes, les conséquences du Covid-19 sur l’immobilier dépendront avant tout de l’évolution du confinement et de l’attitude du gouvernement. « L’impact sera encore plus profond et pourrait s’étendre au-delà de 2021 si aucune mesure et aucun crédit à 0% ne sont accordés et que le confinement se prolonge, prévient-il, après deux mois de confinement, le PIB du pays a chuté de 8%, soit de 4% par mois, entraînant avec lui la fermeture de beaucoup d’entreprises et le gel des ventes ce qui laisse présager d’importants dégâts pour le secteur de l’immobilier si la situation se dégrade ».
Bien que la situation puisse s’avérer bénéfique pour ceux qui recherchent un appartement durant les prochains mois, il s’agit d’une crise sans précédent pour le secteur de l’immobilier qui redoute la seconde vague du coronavirus. Une catastrophe économique qui pourrait entraîner une hausse des logements squattés et un nouveau gel de l’activité.
Pas de transfert des appartements touristiques vers le marché locatif
Contrairement à ce que l’on pourrait espérer avec la réduction du tourisme à Barcelone, peu d’appartements touristiques se convertiront en location de longue durée. Jean-Baptiste Castanier, directeur de Barna Checkin, agence spécialisée dans la location touristique à Barcelone depuis 2014 confirme que la situation ne favorise pas les locations de ce type de biens sur des longues durées. « On ne trouvera pas beaucoup d’appartements issus d’Airbnb car cela ne permettra pas aux propriétaires de rentrer dans leurs frais » explique-t-il.
La plupart de ces appartements ne seront loués que sur des durées inférieures à un an. « L’offre des locations devient supérieure à la demande, les prix baissent et les propriétaires préfèrent louer onze mois plutôt que de louer à un tiers du prix sur une plus longue durée » poursuit Jean-Baptiste Castanier. Alors que le marché touristique est complètement à l’arrêt depuis deux mois et pour une durée encore indéterminée, les propriétaires doivent continuer à payer leur crédit immobilier sans recevoir aucune aide de l’état, car leurs bien ne sont pas considérés comme des résidences principales. « Ils préfèrent faire de la location temporaire en gardant l’espoir de retrouver leur activité ultérieurement, voire laisser leurs appartements vides et murés par crainte de les retrouver squattés par des locataires qui ne peuvent pas payer car ils sont eux-mêmes touchés par la crise » explique l’entrepreneur français.
Si les prix vont évoluer au cours des prochains mois, les demandes de location pourraient aussi de se transformer. Depuis le début du confinement de nouveaux modes de vie apparaissent et transforment peu à peu les attentes des locataires comme des acheteurs. Selon Francisco Iñareta, « le télétravail génère de nouveaux besoins et grâce à cette alternative, beaucoup d’employés se rendront compte qu’il n’est pas nécessaire de vivre près de son lieu de travail et qu’ils peuvent parfaitement résider en dehors des grandes villes ou dans d’autres provinces ». Une modification de la demande vers les zones moins peuplées qui pourraient aussi voir évoluer leurs prix au cours des prochains mois.