Barcelone symbole tout puissant de la fête et de la nuit, est aujourd’hui en danger. Restaurants, bars et boîtes de nuit demandent au gouvernement espagnol de sauver le secteur.
Il y a plus de 8.500 bars, restaurants et discothèques à Barcelone. Tous les propriétaires ont baissé leurs persiennes du jour au lendemain, le 13 mars dernier à minuit. Depuis, les professionnels du secteur sont entrés dans un tunnel dont ils ne voient plus le bout. Deux problèmes majeurs se posent: la totale absence de revenus durant la fermeture et les interrogations que suscitent une réouverture dans un contexte de pandémie mondiale. Les experts sont unanimes: les restos, bars et boîtes devront respecter les normes de distanciation sociale entre leurs clients. Concrètement, les restaurants seraient obligés de séparer les tables avec une distance comprise entre un ou deux mètres. Ce qui se traduit par une utilisation de l’espace situé entre 30 et 50% de la capacité normale.
Alexandre Dubourgais, propriétaire de cinq restaurants de la marque Sensi à Barcelone, voit cette mesure totalement inapplicable. « Mes établissements sont économiquement viables avec leur capacité maximale. Par exemple, je loue un espace pour stocker la marchandise avec des chambres froides et tout l’équipement dont a besoin un restaurant. Je ne peux pas le remplir qu’à 30% ça me coûterait plus cher que de rester fermer ». Ne pas rouvrir dans ces conditions de pandémie, c’est ce que désire ce Français. Comme la majorité de ses collègues, il souhaite que l’Etat espagnol maintienne ses salariés au chômage technique et verse des aides aux établissements, jusqu’à ce qu’un traitement fiable limite l’impact du Covid-19.
« C’est ingérable de travailler dans ces conditions sanitaires, si un client tombe malade qui va être responsable, le chef de l’établissement ? Non ce n’est pas sérieux que l’on nous demande de rouvrir au moins avant le début de l’année prochaine » s’agace Alexandre qui emploie plus de 70 personnes. Le syndicat des restaurateurs de Barcelone évoque une possible faillite de 25% des bars et restaurants de la ville, si le gouvernement ne prend pas ses responsabilités.
La plage
D’autres jettent l’éponge pour la saison comme les bars de plage. « Les conditions actuelles sont inassumables » a déclaré le président de l’Association des Chiringuitos de Barcelone à nos confrères d‘El Periódico, évoquant notamment les normes de distanciation sociale qui rendent impossibles une rentabilité sur de si petits espaces. Plus de 90% des chiringuitos de la capitale catalane ont déjà décidé de renoncer à leur concession cette année, compte tenu du tarif élevé de celle-ci. Sauf accord de dernière minute avec la mairie, les plages de Barcelone auront donc un aspect bien singulier cet été.
Les boîtes de nuit
Autre secteur, particulièrement impacté: les boîtes de nuits. Ramon Mas, vice-président du Syndicat des boîtes de nuit de Barcelone, collabore avec le ministère de la Santé pour étudier les futures mesures à mettre en place. Lui non plus ne veut pas une ouverture au rabais sans une possibilité d’exploiter l’intégralité de la capacité des clubs. « S’il faut prendre la température des clients à l’entrée ou tout désinfecter nous le ferons quand nous rouvrirons, mais en attendant l’Etat doit nous aider et sauver les emplois » explique le professionnel de la nuit, propriétaire du bar D9 et de la boîte de nuit Wolf.
Ancienne capitale internationale de la fête, Barcelone et son secteur de la nuit sont engagés aujourd’hui dans une lutte pour leur survie. Selon le syndicat Spain Nightlife, la moitié des boîtes de nuits de Barcelone pourraient déposer le bilan si l’État n’aide pas financièrement le secteur.