Durant cette période de confinement, le trafic de drogue se réduit mais continue à Barcelone. La police poursuit ses opérations et les associations manquent de moyens. État des lieux.
« La consommation de drogue est fortement freinée par le confinement, c’est incontestable » indiquent des sources de la police catalane. Interrogées par Equinox sur l’état du marché actuel, elles ajoutent également que le travail des Mossos d’Esquadra est facilité en cette période: « tous les mouvements sont visibles, les agents peuvent intervenir plus rapidement que d’habitude, nous gagnons du temps ». La police se félicite d’avoir pu démanteler il y a quelques jours un narco-appartement dans le Raval. Depuis plusieurs années, les habitants dénoncent ce phénomène dans le quartier. Les trafiquants squattent ou louent des logements pour y vendre leur marchandise. Depuis le début du confinement, cinq points de vente de stupéfiants ont été fermés dans cette zone.
De son côté, Felisa Pérez, la présidente de la Fédération Catalane de la Toxicomanie (FCD) dévoile une autre réalité. « Nous savons que le trafic de drogues continue, même si n’avons pas les détails. Le dark web permet d’acheter et de vendre. Nous avons entendu parler de livraison mais je ne peux pas confirmer cette information » explique la psychologue. Le 30 mars dernier, la police catalane dévoile avoir arrêté un homme ayant fait appel à un coursier pour transporter vingt grammes de cocaïne de Badalona à L’Hospitalet. Le colis suspect a été intercepté, il contenait également un smartphone et un jeu vidéo.
Mais Felisa Pérez avance que « les comportements observés dans les supermarchés ont certainement été les mêmes pour la drogue, les consommateurs ont anticipé en faisant des stocks avant le confinement ». De façon générale, les délits ont nettement baissé à Barcelone. Fin mars, la police annonçait une diminution des arrestations de 50% sur le territoire catalan, en comparaison avec le début du même mois. Les vols avec violence n’ont jamais été aussi bas. « La plupart des délinquants multirécidivistes sont chez eux. Les pickpockets n’ont pas de raison d’être dans la rue, puisqu’il n’y a personne à voler. Le type de délit que nous voyons aujourd’hui, ce sont les personnes qui ne respectent pas le confinement » expliquait il y a quelques jours Marc, policier à Badalona.
Augmentation des prix
La situation actuelle entraîne d’autres changements sur le marché. « D’après nos recherches, il y a moins d’héroïne, la cocaïne est plus coupée et les prix ont augmenté » confie la présidente de la FCD. « Les toxicomanes habituellement dans la rue vivent de la mendicité. Pour la première fois, nous devons intervenir pour leur distribuer de la nourriture. Normalement ce n’est pas notre rôle, mais nous ne pouvons pas les laisser comme ça » confie Felisa Pérez. De plus, face à la hausse des prix, les associations doivent s’adapter et trouver les traitements adéquats.
« Nous représentons un collectif invisible, nous avons besoin de médicaments et matériel. Beaucoup de toxicomanes souffrent de d’autres pathologies, comme le VIH ou des hépatites. Les soins et programmes de santé coûtent de l’argent » s’inquiète la présidente. Durant le confinement, la FCD a dû réduire son activité, les déplacements se font seulement en cas d’urgence. Elle travaille au maximum par téléphone et gère à distance l’évolution des prescriptions médicamenteuses. Une grande partie des personnes suivies sont en confinement chez elles, si l’environnement le permet, ou dans les appartements à disposition de la FCD. « Ils sont vraiment petits, nous regardons pour ouvrir une auberge appropriée mais c’est très difficile en ces temps de crise, la situation ne cesse d’évoluer » conclut-elle.