L’amour ne connaît ni langue ni nationalité, et dans la cosmopolite Barcelone nombreux sont les couples multiculturels qui se forment et qui durent. La rédaction d’Equinox est partie à leur rencontre.
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Si tous les couples binationaux reconnaissent que leur quotidien est rehaussé d’une richesse incroyable et d’une perpétuelle découverte, ils doivent parfois faire des compromis et mettre de côté leurs convictions culturelles. Tour d’horizon des défis de ces histoires d’amour pas comme les autres.
1. La famille
C’est le sujet qui revient le plus souvent lorsque l’on rencontre des couples franco-espagnols. « En Espagne, la famille est vraiment très importante, les gens essaient d’habiter près de leurs parents et se voient beaucoup, ce qui n’est pas tout à fait le cas en France » explique Philippe, en couple avec une Espagnole depuis 18 ans. Constat partagé par Aurélie, la trentaine, qui a rencontré son compagnon catalan, Sergi, il y a six ans : « la vision de la famille est très latine ici, il faut les voir très régulièrement, raconte-t-elle, alors que nous, en tant qu’expatriés aussi, nous voyons beaucoup moins souvent nos proches ».
2. Le manque de références culturelles
« L’amour n’a pas de frontières » chantait notre Frédéric François national. Chacun arrive toutefois avec son bagage culturel et les références nationales de sa génération, des animateurs de télévision aux stars des télé-réalités en passant par l’humour, plus ou moins compréhensible pour un étranger. « Il y a un vrai décalage, car en habitant ici, j’essaie de connaître un maximum de références locales, explique Aurélie, mais Sergi ne parlant pas français, j’ai du mal à partager les miennes avec lui ». Pour Patricia, 34 ans, il est tout de même plus simple de trouver des points communs avec ses amis espagnols qu’avec Marius, son compagnon, né en Roumanie et rencontré il y a 13 ans à Barcelone. « Il a grandi dans un pays communiste, sous un régime dictatorial, raconte la jeune maman, nous n’avons pas du tout eu la même enfance ou adolescence » .
3. L’éducation des enfants
Les différences culturelles se révèlent aussi autour de l’éducation des enfants. « En France, nous sommes plus stricts avec les règles de conduite, le bonjour, merci, s’il vous plait, alors que les Espagnols sont plus informels sur ces aspects » reconnait Philippe. Un constat partagé par de nombreux parents croisés au Lycée français de Barcelone, au grand regret de quelques-uns.
Pour Patricia, la différence se vit à travers les acquisitions matérielles. « Marius a grandi avec très peu de jouets et il ne veut pas que sa fille se sente frustrée comme lui l’a été, mais parfois c’est trop » explique la trentenaire, qui communique assez sereinement sur le sujet avec son compagnon.
4. Les langues et les malentendus
Communiquer au quotidien dans une langue étrangère n’est pas sans défi. « Je parle assez bien espagnol, mais s’il utilise des mots d’argot ou parle très vite, je dois le faire répéter, indique Aurélie, le plus souvent ça se passe très bien, mais ça peut l’agacer aussi parfois, ce que je peux comprendre ». Les décalages linguistiques font toutefois partie de l’ADN du couple, qui le plus souvent choisit une seule langue de communication, même si les deux maîtrisent l’idiome de l’autre. Pour Aurélie, qui a depuis appris le catalan, c’est l’espagnol qui est encore parlé à la maison, car ce fut leur première langue commune. Même choix pour Philippe et sa femme, « parce qu’on vit en Espagne et que c’est la langue que toute la famille domine bien ».
Patricia et Marius communiquent aussi en espagnol, langue étrangère pour les deux. « Cela nous a valu quelques malentendus au début, une fois je lui ai dit que ce qu’il expliquait était un peu stupide, et il l’a vraiment mal pris, alors que pour moi c’était juste une réflexion anecdotique », se souvient-elle en riant. Depuis la naissance de leur fille, chacun parle à l’enfant dans sa langue maternelle. Marius comprenait déjà bien le français, mais Patricia affirme maintenant maîtriser « le roumain enfantin ».
5. La passion du débat public
En arrivant en Espagne, l’expatrié français est souvent frappé par le manque de débats télévisés et d’émissions politiques. La passion pour le débat public serait-elle une spécificité française? « C’est vrai que nous sommes assez à l’aise, nous aimons bien entrer dans le débat, sans que ce soit forcément polémique et violent, confie Philippe, mais parler de sujets politiques en Espagne, c’est un peu plus délicat et ça tourne vite à l’affrontement » .
Pour Aurélie, Patricia et Marius, qui suivent à la fois l’actualité locale et celle de leur pays, c’est parfois frustrant aussi de ne pas pouvoir commenter amplement la situation dans la terre natale. « Je reconnais que c’est quelque chose que je ne peux pas toujours partager avec Sergi, raconte Aurélie, mais je dois avouer que si j’étais avec un Français en France, cela me manquerait aussi de ne pas pouvoir parler de l’actualité catalane et espagnole ».