En 1938 la guerre civile espagnole s’est traduite par des bombardements intensifs sur Barcelone. Le conflit a pris alors une ampleur dramatique. Retour sur cette page noire de l’histoire.
Les troupes nationales dirigées par le Général Franco d’un côté. L’armée de la République de l’autre. En 1938, suite au coup d’État militaire visant à renverser le régime républicain, l’Espagne est enlisée dans une violente guerre civile. Soutenue par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, l’armée du Général Franco a chassé les Républicains d’une large partie du territoire espagnol. Les hommes de Franco concentrent leurs efforts de guerre autour de Madrid, une partie de l’Andalousie et la Catalogne. Le gouvernement de la République est transféré à Barcelone qui devient de fait en novembre 1937 la capitale de l’Espagne.
Premiers bombardements
Quelques semaines plus tard, le 1er janvier 1938, un avion italien bombardera pour la première fois Barcelone dans la zone du port. Le 6 janvier, plusieurs S-81 italiens bombardent de nouveau Barcelone. Le lendemain plusieurs enfants trouveront la mort dans une école du quartier de la Barceloneta.
L’été dernier, une bombe de l’époque a été retrouvée par hasard dans la mer, à quelques mètres de la plage de la Barceloneta, les autorités l’ont faite exploser en pleine mer.
Le 8 janvier 1938, les frappes italiennes sont tombées sur les quartiers de Poblenou et Guinardó, faisant 18 morts, dont deux enfants.
L’armée italienne pour soutenir les troupes espagnoles du général Franco dans sa conquête de l’Espagne perdra toute limite le 19 janvier. 17 avions de type Savoia S-79 bombardent le centre-ville de Barcelone et le nombre de morts a dépassé le chiffre de 170. Selon les historiens Solé i Sabaté et Villarroya, c’était « sans doute le premier bombardement aérien de Terreur infligée à Barcelone pour le calendrier choisi, pour les endroits où les bombes sont tombées et pour le nombre de victimes qui ont été causées ».
Le journal communiste français L’Humanité dénoncera les faits.
L’armée républicaine elle aussi bombardera des villes espagnoles tenues par les Franquistes : Valladolid et Salamanca en particulier.
Mais le pire restait encore à venir. Le 16 mars de la même année, des avions de la légion italienne décollent des bases espagnoles de Majorque à destination de Barcelone. L’armée fasciste italienne s’acharnera pendant trois jours sur Barcelone causant entre 880 et 1300 morts ainsi qu’entre 1500 et 2000 blessés. Tous faisaient partie de la population civile dont 180 enfants qui perdront la vie pendant ces trois jours tragiques.
Raison trouble
Le bombardement meurtrier s’inscrit dans le contexte d’un voyage en France du président espagnol républicain. Juan Negrín souhaitait que Paris vende des armes à la République espagnole. Ce déplacement a-t-il été à l’origine de l’attaque de Barcelone ? C’est une possibilité parmi d’autres. Il y a eu beaucoup de débats pour connaître la raison exacte qui a poussé Mussolini à massacrer de la sorte Barcelone.
Certains historiens pensent que le dictateur italien était jaloux de l’annexion de l’Autriche par Hitler, pays que Mussolini avait toujours considéré comme relevant de sa sphère d’influence. Une troisième raison, avancée par d’autres historiens, serait que Mussolini voulait accélérer la fin de la guerre civile en Espagne et se présenter devant l’Europe comme le grand vainqueur.
La violence était si forte que l’intégralité de la communauté internationale – excepté l’Allemagne et l’Italie – a vivement protesté contre cette attaque. A tel point que le Général Franco s’est désolidarisé de Mussolini, expliquant qu’il avait demandé l’arrêt des frappes. Des stigmates de ces bombardements sont encore visible de nos jours sur la place Sant Felip Neri dans le quartier gotic. Pour autant la paix ne reviendra pas dans le ciel de Barcelone. Durant la dictature, la capitale catalane sera la cible de raids aériens venus de Madrid. C’est pour protéger les populations civiles que l’on érigera les bunkers, qui sont devenus aujourd’hui une attraction touristique, sur les hauteurs de la ville dans le quartier du Carmel.