Dimanche auront lieu en Espagne, les élections législatives anticipées. En Catalogne, la vague d’insurrection qui traverse le pays depuis le verdict du procès indépendantiste pourrait se traduire par des perturbations dans les bureaux de vote. Un peu plus de 12.000 policiers catalans et venus de toute l’Espagne sécuriseront l’élection.

« Personnellement je ne suis pas pour bloquer l’élection dimanche, mais toute manifestation ou protestation populaire me semble totalement démocratique même si elle a lieu dans un bureau de vote » explique à Equinox un responsable parlementaire de la branche dure de indépendantisme catalan. Une confession qui résume parfaitement l’état d’esprit actuel d’une partie du mouvement.

L’écrasante majorité des nationalistes catalans ne tentera pas d’empêcher l’élection de suivre son cours dimanche. Mais si une minorité radicalisée entreprend des actions coups de poing dans certains des bureaux de vote catalans, il n’y aura pas de condamnation morale automatique. « Quelques militants indépendantistes vont sûrement chercher à provoquer des troubles plus ou moins graves pour passer sur les télévisions étrangères qui seront sur place pour suivre les élections » confient à Equinox des sources des Mossos d’Esquadra.

Avec 2.500 policiers espagnols, 2.000 agents de la Guardia Civil venus de tout le pays et 8.000 Mossos d’Esquadra , le quadrillage policier en Catalogne est inédit pour un scrutin électoral. « Avec un dispositif policier de cette envergure, personne ne pourra empêcher le vote » se montrent confiants les Mossos. « La police catalane est préparée pour tous les scénarios possibles, et un tel dispositif permettra d’éviter les charges policières » affirment les responsables du maintien de l’ordre à Equinox. Les images sur toutes les télévisions du monde montrant des violences policières dans les bureaux du vote lors du référendum du 1er octobre 2017 est encore dans toutes les mémoires.

Anonymat

Refaire le coup d’occuper des bureaux de votes dès le samedi soir, y rester tout le week-end pour les contrôler le dimanche matin, comme ce fut le cas le 1er octobre 2017 semblait le plan d’origine des indépendantistes. L’organisation anonyme du Tsunami Democratic à l’origine du blocage de l’aéroport de Barcelone a annoncé la semaine dernière préparer une grande manifestation pour samedi veille du scrutin. Les services de renseignements espagnols ont informé le gouvernement espagnol que 15.000 personnes pourraient se rendre dans les bureaux de vote, en marge de la manifestation. « Qu’une grande foule de gens suive des directives venant de personnes anonymes est une grande nouveauté dans l’indépendantisme catalan. C’est une expérimentation sociale avec des conséquences encore inconnues » s’inquiète-t-on chez les Mossos d’Esquadra.

vote espagne

En début de semaine, le gouvernement espagnol est monté au créneau pour menacer de graves poursuites judiciaires les organisateurs du Tsunami Democratic si les élections étaient perturbées.  Un message que semble avoir reçu l’organisation anonyme qui a publié un communiqué de presse pour affirmer que la défense du droit de vote était un fondement de la démocratie et qu’il fallait aller voter dimanche.

« C’est le gouvernement catalan qui est derrière le Tsunami Democratic, ils cherchent à canaliser la colère des gens » s’agace un parlementaire de la frange dure.  Les partisans de la méthode musclée placent plutôt leur confiance dans les Comités de Défense de la République, les fameux CDR. Ces cellules anonymes et ultra-organisées adeptes de blocages de gares, routes et frontière française. « Il y a beaucoup de jeunes dont certains qui sont mineurs et radicalisés » nous confie une source de la police catalane ajoutant qu’une « quarantaine de personnes affiliées aux CDR et susceptibles de tomber dans des actions violentes sont actuellement surveillées ».

Ce 10 novembre est une date qui restera dans la mémoire collective espagnole et catalane. Dans tous les cas, la journée électorale se déroulera dans un climat de tensions et d’encadrement policier. L’indépendantisme espère dépasser la barre des 50% des voix. Pour la première fois également depuis le rétablissement de la démocratie, un parti d’extrême-droite pourrait se hisser à la troisième place du scrutin. Vox, le frère du Rassemblement National, pourrait finir la soirée avec une cinquantaine de députés élus.

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