Difficile de savoir exactement quand prendront fin les manifestations contre le verdict du procès des indépendantistes catalans. Depuis lundi dernier, Barcelone et la Catalogne sont entrés dans une dimension inconnue. Le point sur les prochaines dates à risque.
Le lundi 14 octobre, jour de la publication du verdict, la réussite du blocage de l’aéroport de Barcelone a été une surprise. De mardi à jeudi, les différentes mobilisations Passeig de Gracia, Gran Via, Marina, suivies de scènes d’émeutes dans l’Eixample furent également d’une ampleur inattendue. La grève générale de vendredi et son déferlement de violences urbaines fut à un niveau supérieur aux prévisions.
En revanche depuis samedi jusqu’à hier soir, la participation aux manifestations est en baisse, mais le nombre de rassemblements sporadiques reste très élevé. La violence a disparu depuis ce week-end . La prochaine date-clé dans cette crise sera samedi prochain. Une manifestation monstre est convoquée par les associations indépendantistes ANC, Omnium et une poignée de syndicats le 26 octobre. Des violences sont à craindre lors de cette protestation. Les 500 casseurs repérés par le ministère de l’Intérieur pourraient entrer en action au milieu d’une Barcelone saturée de manifestatnts. La Liga a préféré reporter le clasico Barça-Madrid prévu ce jour-là pour raison de sécurité.
L’objectif de la protestation permanente
Il n’est pas illogique de penser qu’après samedi, les manifestations baisseront sérieusement en quantité et en nombre d’assistants. Sans pour autant pouvoir l’affirmer, tant Barcelone est une poudrière qu’une étincelle peut enflammer à n’importe quel instant. D’autant plus que les têtes pensantes de l’indépendantisme radical massées autour de Carles Puigdemont et l’actuel président catalan Quim Torra veulent que le conflit dure le plus longtemps possible.
Nombreux sont les indépendantistes qui se mordent les doigts de ne pas avoir appelé les Catalans à bloquer durablement les rues après le référendum du 1er octobre. Pour Carles Puigdemont, Quim Torra et leurs entourages, le verdict permet de rattraper les erreurs d’octobre 2017 et cette fois-ci maintenir la Catalogne en état d’insurrection permanente.
Il n’est pas à exclure que la Catalogne vive des périodes de calme relatif pour repartir dans des moments de blocages. Des dates apparaissent en rouge sur le calendrier catalan : le 29 octobre prochain Carles Puigdemont sera auditionné par les juges belges dans le cadre du mandat d’arrêt international ordonné par la justice espagnole. A partir du 29, la Belgique aura 15 jours pour décider de l’extradition de l’ancien président. Une décision qui sera toutefois susceptible d’être contestée en appel. Dans l’état d’excitation dans lequel se trouve la Catalogne, une extradition de Puigdemont peut avoir des conséquences assez lourdes dans les rues.
Autre date-clé : le 18 novembre, le président catalan Quim Torra sera jugé par le tribunal supérieur catalan pour avoir refusé de retirer le symbole des rubans jaunes sur la façade de la Generalitat pendant la période électorale des législatives, municipales et européennes. La commission électorale avait considéré le ruban jaune comme un symbole indépendantiste violant le principe de neutralité des institutions. En refusant de le retirer, Quim Torra a violé la loi et pourrait se retrouver destitué de la présidence de la Generalitat avant Noël. Là-aussi on peut imaginer une forte réponse de la rue. Sans compter qu’à tout moment, face au désordre politique permanent, Madrid peut enclencher la procédure d’activation de l’article 155 de la Constitution pour suspendre le gouvernement catalan. Dernière date-clé qui pourrait laisser entrevoir une porte de sortie de crise : les élections législatives nationales du 10 novembre prochain.