L’Espagne déploie 2000 policiers en Catalogne pour prévenir les troubles

Face aux risques de troubles urbains redoutés après l’annonce du verdict du procès des indépendantistes catalans, l’Espagne envoie près de 2000 policiers en Catalogne.  

Les Mossos d’Esquadra sont habituellement chargés du maintien de l’ordre public en Catalogne, sous la direction du gouvernement local de la Generalitat. Mais à l’approche de l’annonce du verdict dans le procès des leaders indépendantistes, Madrid prend les devants et envoie 1900 agents de la Guardia Civil et de la Policía Nacional.

La semaine dernière, Pedro Sanchez, Premier ministre par intérim actuellement en campagne électorale, a évoqué la possibilité d’appliquer la loi de sécurité intérieure. Avec un simple décret, sans passer devant le parlement ni même en Conseil des ministres, le Premier ministre peut prendre le commandement des Mossos d’Esquadra. Il suffit simplement que Madrid considère que les Mossos ont perdu le contrôle du territoire catalan. Nous n’en sommes bien sûr pas là. Mais la campagne électorale des législatives nationales anticipées du 10 novembre peuvent radicaliser les prises de position, aussi bien de la part du gouvernement central que de la Generalitat.

Le nombre de 2000 policiers se situe en-dessous de l’opération Copernic d’octobre 2017, lors de laquelle 6000 agents furent déployés pour tenter d’empêcher la célébration du référendum non autorisé. Cependant, le chiffre de 2000 hommes est au-dessus de la moyenne de 800 gardiens de la paix espagnols qu’envoie généralement Madrid lors de manifestations indépendantistes comme la fête nationale du 11 septembre.

Dans le détail, 29 unités (1200 agents) semblables aux C.R.S français et habituellement chargées de la sécurité de Castellón, Séville, Valence et Madrid ont été envoyées. Parallèlement, la Guardia Civil (gendarmerie) envoie 10 groupes anti-émeutes (600 agents). Des renforts qui s’ajoutent aux 200 policiers nationaux stationnés toute l’année en Catalogne. Le corps des Mossos d’Esquadra est, lui, composé de 17.000 agents.

Le rôle du ministère de l’Intérieur catalan

A priori, la police nationale n’interviendra que sur demande des Mossos d’Esquadra. Il semblerait que le ministère de l’intérieur catalan soit dans une logique de  maintien de l’ordre face aux militants indépendantistes déterminés à bloquer les routes et gares de Catalogne. Cependant, le profil du ministre de l’Intérieur Miquel Buch, ultra-indépendantiste proche de Carles Puigdemont et Quim Torra, inspire la méfiance de Madrid.

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Si des militants indépendantistes tentent d’entrer dans le parlement catalan et que les ordres donnés aux Mossos d’Esquadra paraissent trop légers, les cadres du ministère de l’intérieur catalan se risquent à la répression de la justice espagnole. Le ministre de l’Intérieur en fonctions en octobre 2017, Joaquim Forn, est en prison préventive depuis près de deux ans, accusé notamment de ne pas avoir envoyé les Mossos démanteler le référendum.

La rue catalane

L’ampleur de la réaction des militants indépendantistes reste toutefois une inconnue. Les Comités de Défense de la République (CDR), ces micro-collectifs géolocalisés par quartiers barcelonais et villes catalanes devraient être les plus actifs pour provoquer des blocages sur les réseaux de transport routiers et ferroviaires. Les Comités de Défense de la République sont une mutation des Comités de Défense du Référendum. Ces mini-plateformes sont nées spontanément fin septembre 2017 avec pour but de sécuriser les bureaux de vote pour que le référendum puisse avoir lieu. Depuis le 27 octobre et la stérile déclaration d’indépendance, les collectifs se sont donnés pour mission de défendre l’implantation de la République catalane.

Une odeur de souffre se répand autour des CDR depuis que neuf militants sont poursuivis par la justice espagnole, dont sept sont incarcérés, pour une présomption de terrorisme. Les CDR ne sont absolument pas organisés hiérarchiquement. Pour tenter d’être le plus efficace dans les différents blocages, l’indépendantisme a mis sur pied une nouvelle plateforme:  Tsunami Democràtic. Dans le plus grand des secrets, le Tsunami Democràtic tente de structurer les CDR. L’officielle association Asemblea Nacional de Catalunya (ANC) organise de son côté cinq marches pendant trois jours à partir de la publication du verdict. Les marcheurs partiront de Gérone, Lleida, Tarragona et Berga pour converger vers Barcelone.

Le verdict sera rendu public par le Tribunal Suprême espagnol probablement entre vendredi et mardi prochain.

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