Pour mettre en échec l’Espagne et devenir une République indépendante, la Catalogne a placé tous ses espoirs en la France de Richelieu. En vain, récit historique.
1638. L’influence de l’Espagne est au plus bas en Europe et dans le monde. Le roi Philippe IV a le plus grand mal à subvenir aux besoins économiques de l’empire. La situation de défense de la péninsule intérieure espagnole est au plus mal. La Maison Royale vient de demander aux régions du pays de défendre leurs propres frontières, ce que la Catalogne refuse créant une forte tension avec Madrid.
En 1639 la France, par surprise, rentre dans la guerre de Trente Ans contre l’Espagne qui se retrouve encore plus fragilisée. Comme promis la Catalogne, alors territoire géographiquement stratégique, refuse de mettre ses ressources à disposition de l’Espagne, créant une situation de crise sans précédent.
1640. Les Catalans se soulèvent contre le souverain espagnol Philippe IV qui augmente les taxes agricoles pour financer la guerre contre la France. La situation dégénère et donne lieu à la guerre des faucheurs qui durera 19 ans. Au début de mai 1640, alors que les troupes militaires espagnoles sont massivement déployées sur le territoire catalan, des paysans de Gérone se retournent contre elles, les attaquant. À la fin du mois, les paysans, auxquels se joignent les faucheurs en juin, se rendent à Barcelone qu’ils conquirent rapidement. Ils assassinent des fonctionnaires espagnols et des juges représentant le roi Philippe IV. Le vice-roi lui-même est assassiné alors qu’il essaie de fuir par la mer. Ces événements dramatiques sont connus sous le nom de Corpus de Sang.
L’espoir français
Entre la France et l’Espagne, la Generalitat de Catalogne fera son choix et ira chercher les faveurs de Richelieu. Le , les représentants du gouvernement catalan, Ramon de Guimerà et Francesc de Vilaplana (neveu du président Pau Claris) signent un accord avec Bernard du Plessis-Besançon, représentant de Louis XIII et envoyé par le cardinal de Richelieu à Céret (Perpignan). Selon le pacte de Ceret, la Catalogne devait recevoir une aide militaire, devenir indépendante de l’Espagne et se constituer en République sous la protection du monarque français.
A Barcelone, le président Pau Claris convoque le parlement de l’époque (les Corts) le mais simultanément, et sans consulter les communes, débute les contacts avec les Français. Pau Claris émet un emprunt public pour financer les dépenses militaires. La victoire des troupes françaises lors des batailles de Cambrils, Tarragone et Martorell met la Catalogne sous pression. Finalement Louis XIII ne veut plus de République catalane et deviendra comte de Barcelone. La capitale de la Catalogne devient officiellement française.
En 1644, l’Espagne reprend du poil de la bête. Les armées de Philippe IV récupèrent les villes catalanes de province qui avaient été perdues au profit de la France. Le roi d’Espagne récupère Barcelone en 1652 après l’abandon des troupes françaises. Il est de nouveau reconnu comme souverain, même si la France conserve le contrôle du Roussillon. En 1659 est signé le traité des Pyrénées entre la France et l’Espagne. Il coupe la Catalogne en deux parties, telles que nous les connaissons encore aujourd’hui: les provinces de Barcelone, Gérone, Lleida, Tarragone au sud et Perpignan au nord.