Pour la seconde fois de son mandat, le président Quim Torra s’est présenté devant le parlement de Catalogne pour le débat de politique général.
« Aujourd’hui c’est le débat sur l’état de la nation catalane » commence le discours de Quim Torra qui s’achèvera deux heures et cinq minutes plus tard. En qualifiant la Catalogne de nation, le président donne le ton de son intervention. A la tribune du parlement, Quim Torra est très à l’aise dans un discours fleuve pour égrener des sujets de prédilection : prisonniers politiques, l’Espagne répressive et dénonciation que Madrid tente d’amalgamer indépendantiste avec terrorisme. Pour évoquer les sujets de politique générale, le leader catalan est beaucoup plus tendu. Se perdant dans ses notes, le président a fait de longs blancs lorsqu’il fallait traiter les thématiques de la sécurité, l’environnement ou l’économie.
Nouveau référendum
Quim Torra, proche du centre droit de Carles Puigdemont, épouse la demande de la gauche indépendantiste d’organiser un référendum autorisé par l’Espagne. On s’éloigne un peu plus du « mandat démocratique du 1er octobre » où le référendum unilatéral était l’alpha et l’oméga de l’indépendantisme permettant de se déconnecter de l’Espagne. « Qu’est-ce qui vous fait peur puisque dans toutes vos interventions vous dites que l’indépendantisme n’a pas la majorité. Alors pourquoi ne pas organiser un référendum? « demande faussement naïf à l’opposition Quim Torra. Concernant les arrestations du début de semaine de neuf indépendantistes soupçonnés de terrorisme, Quim Torra revendique sans surprise l’aspect pacifique de son mouvement.
Vers une augmentation fiscale
L’urgence pour le président est de réussir à faire adopter les budgets catalans pour 2020. L’extrême gauche séparatiste la CUP estime que le gouvernement Torra est trop timide sur la question indépendantiste et votera non aux budgets. Pour trouver une majorité alternative, Torra fait des clins d’oeils à la gauche de Podemos en ouvrant la porte à une augmentation des impôts catalans.
#President @QuimTorraiPla: “Apel·lo a la responsabilitat dels grups per tirar endavant uns pressupostos socials i fer de Catalunya un país d’igualtat i equitat. Oblidem que tornem a estar de campanya electoral i pensem en els efectes d’una nova pròrroga pressupostària” #DPG2019 pic.twitter.com/PaoTfimwhR
— Govern. Generalitat (@govern) September 25, 2019
La porte-parole de Podemos a reçu la proposition avec timidité, mais n’a pas claqué la porte au nez du président.
Clone d’Ines Arrimadas et incident de séance
La cheffe de l’opposition, Lorena Roldán de Ciutadans, a cloné Ines Arrimadas pour son premier discours. Même ton faussement indigné, mêmes interpellations directes au président, mêmes leçons de morale façon institutrice. De part son inexpérience, Roldan est cependant plus poussive que son modèle Arrimadas. En revanche, l’incident de séance est toujours garanti. Deux fois rappelée à l’ordre par le président du parlement pour avoir dit que Quim Torra est un danger public à la tête du commando indépendantiste.
Comme toujours, très fin, le socialiste Miquel Iceta a lancé les meilleures formules de son cru: « vous rêvez d’être le président de la République catalane alors vous n’arrivez pas à être le président de la Generalitat. »
Le prochain grand rendez-vous indépendantiste est la commémoration mardi prochain des deux ans du référendum. Dans les mêmes eaux, tombera la sentence du procès judiciaire qui oppose l’État espagnol aux anciens ministres de Carles Puigdemont, des responsables associatifs et l’ancienne présidente du parlement. Des leaders indépendantistes qui risquent entre 17 et 25 ans de prison. Ce qui garantit un automne brûlant dans les rues de Barcelone.