La brigade contre l’insécurité « Guardian Angels » fait polémique à Barcelone

patrouille métro barcelone

À Barcelone, les patrouilles citoyennes font à nouveau parler d’elles. La célèbre association new-yorkaise Guardian Angels rejoint les justiciers du métro barcelonais. L’initiative déplaît à la police catalane et la mairie.

Dans la capitale catalane, l’insécurité est la première préoccupation des habitants, selon le dernier baromètre municipal publié au début de l’été. Depuis plusieurs mois le thème inquiète les Barcelonais, en raison des témoignages et vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, mais aussi des chiffres. Selon le ministère de l’Intérieur espagnol, les vols avec violence et intimidations ont augmenté de 30% au premier semestre 2019, en comparaison avec le premier semestre 2018. Face à cette situation, les Barcelonais ont décidé de s’organiser.


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Au printemps dernier, les patrouilles citoyennes ont commencé à voir le jour. “Nous les avons créé pour éviter le vol dans le métro, en raison de la hausse quotidienne de ces délits, nous voulons aider de façon proactive. Nous le faisons pacifiquement en éduquant les passagers ou en alertant toute personne étant sur le point d’être victime” racontait à Equinox Roger, en mai dernier. Les membres circulent dans le métro et n’hésitent pas à intervenir à coup de sifflet pour dénoncer les pickpockets. L’une des leadeuses du groupe est la très médiatisée Eliana Guerrero. Surnommée « héroïne des temps modernes », elle était connue il y a quelques années pour dénoncer les voleurs à l’aide de pancartes dans le métro.

barcelone métro pickpocket

Formation à la new-yorkaise

Parmi les membres figure également Nicole Orlando. Originaire de New-York, la quarantenaire a grandi avec les Guardian Angels. Fondée en 1979 dans le Bronx pour combattre la violence dans le métro new-yorkais, l’association était une référence avec des centaines d’adhérents. « Mes parents m’ont appris que les Guardian Angels étaient là pour nous protéger, quand j’étais enfant, l’un d’eux m’avait donné sa carte de recrutement que j’ai toujours conservé » explique-t-elle à La Vanguardia. Installée à Barcelone depuis treize ans, l’Américaine décide de les contacter.

Ainsi depuis deux mois, le groupe barcelonais reçoit la visite de plusieurs membres des Guardian Angels. L’organisation, qui s’est déjà étendue dans d’autres pays du monde, enseigne ses directives à la patrouille barcelonaise. Ces derniers portent désormais le béret rouge ainsi qu’un tee-shirt logotisé. « Juste notre présence aide en dissuadant. Par exemple quand on apparaît vers la Sagrada Familia, les pickpockets partent » explique Nicole.

Tout le monde a reçu une formation en arts martiaux et self-défense, pour réussir à arrêter des pickpockets sans se battre, en attendant l’arrivée de la police. Nicole explique que le groupe a reçu des conseils des Mossos d’Esquadra qui leur a transmis le protocole pour se protéger, tout en indiquant qu’il fallait les appeler immédiatement. Toutefois, si la victime ne souhaite pas porter plainte, la police ne peut rien faire ajoute Nicole.

patrouille pickpocket barcelone

« Barcelone n’est pas le bronx »

Pourtant du côté des Mossos d’Esquadra, le concept des Guardian Angels n’est pas bien perçu. « Les patrouilles citoyennes n’apportent rien de bon, elles génèrent d’autant plus le sentiment d’insécurité et utilisent des méthodes qui sont à la limite de l’infraction pénale » a déclaré une porte-parole de la police catalane. Même discours du côté du syndicat des Mossos SAP-Fepol. L’une des réprésentantes, Imma Viudes, déclarait sur la chaîne de télévision Betevé que « Barcelone n’est pas le Bronx (…) Les interventions de citoyens peuvent amener à des situations très graves, augmenter les conflits sociaux, l’administration doit faire un travail implacable pour analyser ces comportements ».

Albert Batlle, le nouvel adjoint la sécurité de la ville, n’avait pas mâché ses mots cet été. Combattre les patrouilles citoyennes reste l’un de ses objectifs. Il avait souligné que la sécurité et l’ordre public ne pouvaient pas être autogérés car « c’est très dangereux ».

Samedi dernier, une quarantaine d’associations de quartier ont manifesté dans les rues de Barcelone. Mille participants, selon la Guardia Urbana, ont montré leur ras-de-bol face à l’insécurité. « Barcelone ne fonctionne pas » criaient-ils à l’unisson.


Lire aussi l’article: Insécurité: ce qu’en pensent les Français de Barcelone


 

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