À Barcelone, depuis l’arrivée de l’été et de la canicule, les températures sont devenues insoutenables. Une impression amplifiée par le phénomène des « îlots de chaleur urbains » comme le révèle une étude de l’Université de Columbia.
Si la canicule est plus perceptible dans le centre de Barcelone que dans la campagne catalane, ce n’est pas juste une impression. La majorité des grandes villes mondiales sont touchées par ce que les scientifiques appellent les « îlots de chaleur urbains ». La Nasa, sur son site internet dédié aux enfants, explique que ce phénomène « se produit lorsqu’une ville connaît des températures beaucoup plus élevées que les zones rurales voisines ».
Cette différence de températures est liée à la capacité des surfaces à absorber et à retenir la chaleur. En milieu rural, les végétaux qui recouvrent le terrain absorbent l’eau du sol via leurs racines, qu’ils rejettent dans l’air sous forme de vapeur d’eau. Ce processus, dit de transpiration, permet de rafraîchir l’air ambiant.
Au contraire, en ville, les sols sont recouvert d’asphalte et de béton, de couleurs sombres, qui absorbent bien plus d’énergie solaire que les paysages naturels. De plus, la circulation, les systèmes de climatisation ou autres machines exagèrent le contraste de températures entre les milieux urbanisés et la campagne.
Jusqu’à 7 degrés de plus à Barcelone qu’à la campagne
Buzzfeed, média américain, a publié deux cartes basées sur des données récoltées par le CIESIN de l’Université de Columbia, qui permettent de voir les écarts moyens de températures entre les grandes zones urbaines et une zone tampon de 10 kilomètres, de jour et de nuit. Les données datent des 40 jours les plus chauds entre juillet et août 2013. Sachant qu’il n’y a pas eu d’épisode caniculaire cette année-là.
À New York, on compte prés de 4,5 degrés Celsius supplémentaires que dans la campagne environnante. À Tokyo, ce chiffre atteint les 5,5 degrés.
À Barcelone la différence atteint 2,46 degrés en journée et 1,14 degrés la nuit selon l’Université de Colombia. Une étude menée deux ans plus tard par le chercheur J.Martin Vide à Barcelone révèle une moyenne de différence de température de 3 degrés, plus perceptible la nuit et pouvant atteindre 7 degrés de plus que dans les zones rurales environnantes.
C’est le quartier de l’Eixample qui est le plus touché, car c’est le plus central de la ville et donc le plus entouré d’îlots de chaleur urbains. Le phénomène y est particulièrement notable la nuit, où la chaleur semble ne jamais retomber. En journée, c’est la Zona Franca qui est la plus affectée.
Quelles solutions?
Ces quelques degrés supplémentaires en ville sont inquiétants car les fortes températures sont dangereuses pour les plus vulnérables. Ce qui ne risque pas de s’arranger avec le réchauffement climatique.
Pour contrer les îlots de chaleur urbains, il existe de nombreuses solutions. L’asphalte noir peut être remplacé par un revêtement plus clair, qui reflète la lumière du soleil. Les toits des villes peuvent être transformés en jardins urbains ou bien être repeints en blanc, ce qui peut faire baisser la température d’un bâtiment de presque 10 degrés. On peut aussi choisir de construire avec des matériaux de construction perméables, c’est-à-dire qui laissent circuler l’eau plutôt que des matériaux imperméables tels que le ciment et la brique qui gardent la chaleur.
La mairie de Barcelone opte aussi pour l’implantation de davantage d’espaces verts dans son Plan Vert et Biodiversité avec un objectif à l’horizon 2030 de créer 1,6 kilomètre carré de vert en plus, soit 1 mètre carré par habitant.