Sur la colline de Montjuïc, entre la multitude de parcs qui caractérise le poumon vert de Barcelone, se trouve les jardins de Joan Brossa. C’est un véritable hommage qui est rendu au poète de l’avant-garde catalane par ce parc tout récent.
Des enfants jouent, des couples se promènent, d’autres profitent d’un coin à l’ombre pour faire une sieste sur l’herbe, c’est un après-midi typique aux jardins de Joan Brossa. Mais avant de devenir cet espace vert à la végétation luxuriante, il s’agissait d’un parc d’attractions.
Pendant près de 30 ans, les cinq hectares des jardins ont accueilli des manèges avant de fermer leurs portes en 1998. Cinq ans plus tard, le parc est inauguré. De cette époque festive, il ne reste rien ou presque. Seuls quelques statues ont été conservées. Comme celles représentant la danseuse et chanteuse de flamenco Carmen Amaya réalisée en 1966 par Josep Cañas, « El pallasso » de Ros Sabaté datant de 1972 représentant Charlie Rivel un clown espagnol, et enfin « Charlot » de Núria Tortras sculptée en 1972, un hommage au fameux Charlie Chaplin.
Quant aux attractions, elles ont toutes disparues et furent remplacées par des jeux d’expérimentation sonore pour les enfants et une tyrolienne dans la partie basse du parc.
Joan Brossa, un artiste catalan libre
Les jardins portent le nom de Joan Brossa, poète, artiste plastique, auteur dramatique et dessinateur graphique catalan du XXe siècle. Pour lui, il n’y avait pas de frontières entre les genres artistiques. « Tous sont les faces d’une même pyramide » expliquait l’artiste aux multiples facettes. On le présente comme l’un des grands créateurs de la poésie visuelle qui utilise directement le poème comme forme.
Il a modelé le paysage urbain barcelonais où trône plusieurs de ses œuvres. Sur la plaça Nova dans le Gòtic, sont déposées sept lettres au design hétéroclite qui forment le mot Bàrcino, le nom de la colonie romaine sur laquelle s’est établie Barcelone. Ou encore le « Monumento al Libro » structure d’un livre géant au croisement du Passeig de Gràcia et de Gran Vía.
Joan Brossa était aussi un artiste engagé. Il a toujours créé en catalan alors que la langue régionale était interdite sous Franco. C’est au retour de la démocratie, que ses poèmes sont publiés sans aucune censure et que l’espace public s’ouvre à ses œuvres. À commencer par le poème visuel « Transitable en tres tiempo » composé de blocs de pierre, disposés à travers les jardins de Marià Cañardo Lacasta.
Puis, après sa première rétrospective en 1986 à la Fondation Joan Miró, avec qui il s’était lié d’amitié, ses œuvres sont exposées partout à travers le monde. Il est décoré de la Médaille Picasso de l’UNESCO en 1988 et de la Médaille d’Or du Círculo de Bellas Artes en 1998. La même année, vingt jours après sa mort, il reçoit doctorat honoris causa de l’Université Autónoma de Barcelone.