À Barcelone, les soirs d’été, se joue un drôle de ballet. La foule de touristes s’amasse plaça Espanya pour découvrir le spectacle son et lumière de la fontaine magique de Montjuïc, un incontournable d’une visite de Barcelone.
Plusieurs fois par semaine, les fontaines du Musée National d’Art de Catalogne s’animent proposant un spectacle son et lumière très apprécié, autant par les petits que les grands. L’eau jaillit en suivant le rythme de la musique, tout comme les couleurs qui changent selon le genre musical, avec en toile de fond le palais. Plus de 7000 millions de combinaisons sont possibles. Depuis 2011 et l’installation d’un système technique innovant, les chorégraphies sont générées directement selon la musique diffusée.
Malgré son apparente modernité, ce spectacle existe depuis 1929, année de l’Exposition Universelle de Barcelone. Alors que les travaux pour l’événement étaient déjà bien avancés, les organisateurs ont déclaré qu’il manquait quelque chose de spectaculaire pour impressionner les visiteurs. C’est à ce moment-là que Carles Buïgas propose son projet de Fontaine Magique.
Alors que l’architecte et ingénieur était jugé par ses collègues comme trop ambitieux, en moins d’un an, les travaux furent terminés, grâce à la participation de 3 000 ouvriers. Et le 29 mai 1929 eu lieu le premier spectacle de la Fontaine Magique, attirant désormais plus de 2,5 millions de personnes chaque année.
Après la guerre civile espagnole, qui a endommagé la fontaine, Buïgas rénove son œuvre. C’est dans les années 80 que de la musique a été introduite au spectacle.
La disparition des Quatre Colonnes
À l’origine, à la place de la Fontaine Magique, se dressaient les Quatre Colonnes. Aujourd’hui, elles se trouvent à quelques mètres des fontaines. Un an avant l’Exposition Universelle de Barcelone, Primo de Rivera alors dictateur du pays, ordonne la destruction des colonnes. Elles faisaient référence aux quatre bandes du drapeau catalan et étaient destinées à devenir un symbole de la communauté autonome. Construites seulement neuf années plus tôt, elles disparaissent au profit de l’unité espagnole et ne seront repositionnées sur la plaça Espanya qu’en 2010.
Tous les autres symboles publics catalans ont disparu à cette époque. Ainsi, lors de l’Exposition Universelle qui s’est déroulée à Montjuïc, rien ne devait troubler l’unité espagnole. C’est d’ailleurs pourquoi la plaça Espanya, construite à l’occasion, s’appelle ainsi. Tout comme le Poble Español qui devait s’appeler Iberona en hommage aux Ibériques, premier peuple sur les terres catalanes.