Le parlement espagnol a refusé l’investiture du socialiste Pedro Sanchez avec 124 votes favorables, 170 votes contre et 52 abstentions. Un tour de rattrapage sera organisé dans 48 heures. Si le blocage continue, de nouvelles élections législatives anticipées auront lieu le 10 novembre prochain.
Former une coalition gouvernementale pour la première fois dans l’histoire moderne de l’Espagne n’est pas chose aisée. Centriste par nature, monarchiste dans son ADN, le parti ouvrier socialiste espagnol (PSOE) refuse de lâcher des pans de pouvoir à la gauche radicale et républicaine de Podemos. Le Premier ministre par intérim, le socialiste Pedro Sanchez, a besoin d’un vote de confiance du parlement espagnol pour valider son poste suite aux législatives d’avril. Les socialistes ne disposent que de 123 sièges sur les 350 députés du parlement. Techniquement, les députés de Podemos et les indépendantistes catalans doivent soutenir avec leurs voix l’investiture de Pedro Sanchez. Le premier vote du parlement a rejeté aujourd’hui la candidature de Sanchez.
Manque de motivation
Le Premier ministre par intérim, lors des débats qui ont commencé hier pour s’achever cette après-midi, n’a fait aucun effort pour séduire Podemos et les indépendantistes. Pedro Sanchez est l’homme tranquille de cette session d’investiture. Si jeudi, lors du vote de rattrapage, le parlement ne l’investit pas Premier ministre, la constitution prévoit un nouveau scrutin parlementaire deux mois plus tard. En cas de nouvel échec fin septembre, de nouvelles législatives seront organisées le 10 novembre prochain. Avec sous le bras, d’excellents sondages où le PSOE améliorerait nettement son résultat électoral.
A l’inverse, traversé par une crise interne, Podemos serait sur le point de disparaître. En position de force, Pedro Sanchez cherche à étouffer la gauche radicale qui réclame la vice-présidence du gouvernement et des ministères. Le choix cornélien de Pablo Iglesias, chef de Podemos, passe forcément par l’humiliation. Soit Iglesias accepte d’investir jeudi Pedro Sanchez sans pouvoir entrer au gouvernement avec des postes importants, ou prend le risque d’une déroute lors de législatives anticipées. Les prochaines heures seront cruciales face à un parti socialiste qui depuis 1978 se veut hégémonique dans le champ de la gauche espagnole.
Indépendantisme anxieux
Les indépendantistes, majoritairement représentés par la gauche (ERC), apparaissent quant à eux décaféinés. Face aux dizaines d’années de prison que vont probablement recevoir cet automne les leaders poursuivis, l’anxiété dans le discours de son porte-parole Gabriel Rufian est palpable. ERC veut un gouvernement de gauche, le plus à même d’accorder aux leaders incarcérés une amnistie les permettant de recouvrer la liberté. Rufian a averti que de nouvelles élections seraient une roulette russe qui pourrait donner le pouvoir à une coalition de droite et d’extrême-droite.
Le suspense prendra fin ce jeudi à 15 heures avec le second vote de l’investiture présidentielle.