Le roi Felipe VI, chef d’État espagnol depuis 5 ans : son bilan

La maison des Bourbons, la famille royale dynastique qui dirigea la France de 1589 à 1830, règne aussi sur l’Espagne. L’actuel chef d’État Felipe VI est le descendant direct du Roi-Soleil Louis XIV. Bilan des 5 premières années de Philippe de Bourbon à la tête de l’État espagnol. 

Felipe est le second roi de l’Espagne moderne. Son père Juan-Carlos a été nommé par le dictateur Franco comme successeur officiel. En 1975 à la mort du Général, le souverain a choisi de renoncer aux pleins pouvoirs et de transformer l’Espagne en une démocratie. La fameuse transition qui accoucha de la constitution de 1978. Le pouvoir législatif incombe au parlement espagnol, et l’exécutif au Premier ministre et son gouvernement. Le roi conserve le commandement suprême de la force militaire et partage la représentation de l’Espagne à l’étranger avec son Premier ministre. Il est censé être un’ « arbitre et modérer le fonctionnement régulier des institutions » selon la Constitution.

Un rôle qui reste flou, le monarque n’entrant jamais dans l’arène politique. D’ailleurs le camp indépendantiste catalan en conflit avec le gouvernement central de Mariano Rajoy a demandé à Felipe VI d’utiliser son rôle de modérateur et d’arbitre pour résoudre le conflit. Fin de non-recevoir.

Début de règne sous le signe de l’ouverture

Si Felipe VI est à la tête du royaume d’Espagne, c’est parce que son père a abdiqué à la surprise générale il y a 5 ans, cerné par les affaires de corruption et de mœurs.

En juin 2014, au cours de sa première semaine de règne, Felipe VI a rencontré les différentes associations LGBT. Un geste salué par le collectif LGBT. Le mois suivant, il  commande un audit externe de ses comptes réalisé par le contrôleur général de l’État. Une première pour la Maison Royale, ébranlée par les affaires de corruption ayant éclaté sous le règne de Juan Carlos. En novembre 2015, le roi a rendu hommage aux Juifs séfarades expulsés d’Espagne en 1492 par les rois catholiques  après la promulgation d’une loi favorisant la naturalisation de leurs descendants. Felipe effectue sa première visite à l’étranger en juin 2014 au Vatican où il est reçu par le pape François.

Le défi catalan

Mais le grand défi du règne de Felipe est la situation en Catalogne. A quelques jours de la consultation populaire du 9 novembre 2014 portant sur la question de l’indépendance, le monarque offrira à Gérone un discours d’apaisement (dont la moitié en catalan). Un discours de modération qu’il refusera de prononcer le 3 octobre 2017.

48 heures après le référendum d’indépendance non autorisé par Madrid et qui s’est soldé par d’importantes violences policières espagnoles, le gouvernement catalan attend un geste du souverain. Le roi ne condamnera en aucune façon les violences de la police mais livrera un lourd plaidoyer contre l’exécutif de Carles Puigdemont. « Par leurs décisions, les dirigeants de la Generalitat ont systématiquement violé les normes légalement et légitimement approuvées, démontrant ainsi une déloyauté inadmissible à l’égard des pouvoirs de l’État » a sentencié martialement le chef de l’Etat. L’idée d’apparaître en tenue militaire, rappelant que le souverain est aussi le chef des armées qui a la mission de défendre l’unité de l’Espagne, a été évoquée. Elle fut finalement abandonnée pour ne pas renforcer les rumeurs de guerre civile qui courraient dans toutes les chancelleries européennes.

Ce discours, est à l’heure actuelle, le plus important du règne de Felipe VI. Salué par les secteurs unionistes, il a ouvert la porte à l’application de l’article 155 de la Constitution qui fut votée par le Sénat le 27 octobre pour suspendre le gouvernement catalan. Une déclaration qui a également stoppé les démarches parlementaires des socialistes qui voulaient questionner le gouvernement Rajoy sur les violences policières du 1er octobre.

Depuis le départ du conservateur Mariano Rajoy, le roi est donc la cible principale du camp indépendantiste. La majorité indépendantiste de Gérone a déclaré Felipe VI « persona non grata » dans la ville, comme l’ont fait de nombreux petits villages catalans.

Cependant, même si la gauche radicale de Podemos réclame un référendum sur la monarchie, les principaux partis espagnols, socialistes, conservateurs du Partido Popular et libéraux de Ciudadanos, défendent le régime actuel. Le roi Felipe VI semble avoir encore quelques années devant lui pour rester sur son trône.

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