La gauche indépendantiste Esquerra Republica de Catalunya (ERC) dirigera Barcelone à partir du 15 juin prochain avec le nouveau maire Ernest Maragall.
Depuis 80 ans, la capitale catalane n’avait pas eu de maire républicain: Hilari Salvadó fut maire de Barcelone sous les bombes en 1937. Ernest Maragall a gagné dimanche les élections avec une courte victoire de quelques 4800 voix d’avance sur la maire sortante Ada Colau.
Ernest Maragall, 76 ans, ancien socialiste sera la force tranquille de l’indépendantisme. Il ne faut pas s’attendre à une chevauchée unilatérale à la Carles Puigdemont. D’autant plus que les deux candidatures de l’indépendantisme radical, l’extrême-gauche de la Cup et l’activiste Jordi Graupera, n’ont pas réussi à obtenir assez de voix pour entrer au Conseil municipal et exercer une pression sur le nouveau maire.
La sécurité de Barcelone, première préoccupation des Barcelonais, devrait trouver une amélioration avec le changement de maire : le candidat républicain a confié sur Equinox ne pas vouloir tomber dans le piège du laxisme en matière de sécurité. “Je ne répéterai pas l’erreur de la gauche française qui a laissé à la droite la défense de la sécurité” affirme Maragall. Une Guardia Urbana modernisée, soutenue, est à l’ordre du jour. Ernest Maragall veut aussi instaurer des juges de paix à Barcelone qui traiteront les délits mineurs afin de désengorger les tribunaux.
Sur la question des top-mantas, vendeurs ambulants dans les rues de Barcelone, Maragall admet que ce n’est pas un problème de délinquance. Le futur maire veut un plan interdépartemental, police et social, pour traiter le problème en profondeur.
Les boîtes de la plage de Barcelone dont la fermeture imminente a été annoncée par Ada Colau ne devraient pas trouver d’échappatoire. Ernest Maragall a indiqué à Equinox pendant la campagne électorale qu’il était favorable à leur fermeture, comme Colau le demande. Le successeur d’Ada Colau, qui gouvernait principalement pour les quartiers populaires ayant voté pour elle, a promis d’être un maire ouvert à toute la ville, notamment les Européens.
Formation d’une coalition
Pour mettre en place son projet, trois options s’ouvrent à Maragall qui a gagné 10 conseillers municipaux alors que la majorité absolue au consistoire est située à 21 sièges. Le futur maire pourra tenter de diriger la mairie avec seulement ses 10 conseillers municipaux et nouer des alliances ponctuelles avec d’autres formes politiques au fil des quatre ans du mandat pour les questions importantes comme par exemple adopter le budget de la ville. Une hypothèse que n’écarte pas Maragall.
Le second chemin est un accord avec les indépendantistes de droite. Elsa Artadi a obtenu un score décevant hier avec seulement 5 conseillers pour le parti Junts Per Catalunya de Carles Puigdemont. Mais ERC gouverne la Catalogne en coalition avec Junts Per Catalunya et Ernest Maragall est obligé de dialoguer avec les amis de Puigdemont. D’ailleurs il va aller rendre visite à Joaquim Forn, qui était le candidat officiel de Junts Per Catalunya et se trouve incarcéré à Madrid suite à la déclaration d’indépendance. Maragall a demandé à Colau de l’accompagner dans cette visite carcérale, la maire sortante a décliné.
La troisième option qui s’offre à Ernest Maragall et qui est proposée par Ada Colau : une grande coalition de gauche composée d’ERC, de la gauche radicale et des socialistes dirigés par le transparent Jaume Collboni. Dans une allocution, l’actuel maire a demandé aujourd’hui à Maragall de penser à une majorité de gauche, plutôt que de se concentrer sur la question indépendantiste. « Le binôme Colau-Collboni exigera que ERC soit à l’intérieur d’un bloc progressiste s’il veut être reconnu par l’élite intellectuelle de Barcelone » prophétisait ce matin l’historien Agustí Colomines dans le pure-player El Nacional.