Ce dimanche 26 mai, tous les Barcelonais (dont les Européens vivant dans la capitale catalane) sont appelés aux urnes pour choisir leur nouveau maire. Une élection à un tour, qui enverra 42 conseillers municipaux au consistoire. Pour être investi maire, il faut une majorité de 21 conseillers. Si aucun candidat ne dispose des suffrages nécessaires, il devra nouer une alliance après les élections avec une autre candidature pour former une coalition. Passage en revue des principaux candidats.
Ada Colau
44 ans, Maire sortante. Candidate pour Barcelona en Comú, Gauche radicale.
Place dans les sondages : seconde position 21.1 % en moyenne et 10 conseillers municipaux.
La maire sortante est sous le feu des critiques pour son mauvais bilan en matière de sécurité, de logement et du tourisme. En conséquence, quasiment tous les sondages placent Ada Colau en forte baisse par rapport à 2015 et indiquent qu’elle ne serait pas en mesure de se maintenir à la mairie. Toutefois, les chiffres sont serrés avec son principal concurrent Ernest Maragall et le suspense reste entier jusqu’au 26 mai au soir.
Pour ce scrutin, Ada Colau propose de contraindre les promoteurs immobiliers à affecter 50% des nouvelles constructions à des logements sociaux. Actuellement le seuil est à 30% et a été voté par la mairie sortante. Ada Colau veut donner la priorité à certains quartiers pour y développer les logements sociaux : Ciutat Vella, l’Eixample, Vila de Gràcia, Camp del Grassot, Poble-sec et Poblenou.
Colau propose « une révolution verte » pour l’Eixample avec une construction de places dans chaque quartier de ce district. Les arbres seront en augmentation sur les rues Rosselló, Provença, Consell de Cent, Ausiàs March, Rocafort, Girona et Sicília. Colau ambitionne de créer un « refuge climatique » en limitant la vitesse à 50 km/heure sur les axes principaux et 30 km/heure dans les rues secondaires.
Si Ada Colau est réélue maire, elle propose une Barcelone libérée du plastique pour l’année 2025.
L’interview d’Ada Colau sur Equinox
Ernest Maragall
76 ans, ancien ministre catalan. Candidat pour Esquerra Republicana de Catalunya, Gauche indépendantiste.
Place dans les sondages : première position 22.8 % en moyenne et 11 conseillers municipaux.
Principal adversaire d’Ada Colau, Ernest Maragall est en tête dans tous les sondages d’une légère avance sur la maire actuelle.
La critique récurrente contre Ernest Maragall est qu’il devra faire une alliance post-électorale avec le parti de l’actuelle mairesse pour dégager une majorité.
Le républicain Maragall veut lancer un ambitieux projet d’aides subventionnées au secteur de la construction dans la mesure où celui-ci s’engage a mettre en place des systèmes d’économies d’énergie. Le candidat veut également créer 20.000 logements sociaux sur les 8 prochaines années.
Au niveau sécurité, Ernest Maragall veut instaurer des juges de paix à Barcelone qui traiteront les délits mineurs afin de désengorger les tribunaux.
Le candidat républicain a confié sur Equinox ne pas vouloir tomber dans le piège du laxisme en matière de sécurité. “Je ne répéterai pas l’erreur de la gauche française qui a laissé à la droite la défense de la sécurité” affirme Maragall. Une Guardia Urbana modernisée, soutenue, est à l’ordre du jour.
Francophile et francophone Maragall a salué sur Equinox, les Français de Barcelone, actif indispensable pour la ville, particulièrement les entrepreneurs. Pour Maragall les Français sont un allié dont Barcelone ne peut pas se passer.
L’interview d’Ernest Maragall sur Equinox
Manuel Valls
56 ans, ancien Premier ministre français. Candidat indépendant soutenu par Ciutadans, Droite libérale.
Place dans les sondages : quatrième ou cinquième position 13.8 % en moyenne et 6 conseillers municipaux.
Manuel Valls, accueilli en superstar lors de la crise indépendantiste de 2017, a beaucoup moins convaincu depuis l’annonce de sa candidature en automne 2018. Il a raté son pari de rassembler autour de lui toutes les forces unionistes, obtenant uniquement le soutien de Ciudadanos et de quelques petites formations catalanes. Pour un ancien Premier ministre peu de grands noms des secteurs économiques ou culturels l’ont rejoint.
Manuel Valls a placé une grande partie de sa campagne sur le thème de la sécurité avec un recrutement de 1.500 nouveaux policiers municipaux qui recevront pour consigne première : tolérance zéro.
Valls ambitionne de transformer la bande côtière entre Poble-sec et la Marina, à la limite de Montjuïc, pour démanteler le terminal ferroviaire existant et en faire « un nouveau secteur productif ». La Ronda gagnerait en capacité avec la construction de nouvelles voies.
Sur l’écologie le candidat souhaite que les transports publics barcelonais soient gratuits les jours de pics de pollution.
Manuel Valls a indiqué sur Equinox Radio qu’il fait désormais partie de la communauté des Français de Barcelone et qu’il serait attentif à ses besoins.
L’interview de Manuel Valls sur Equinox
Elsa Artadi
43 ans, ex porte-parole du gouvernement catalan. Candidate Junts Per Catalunya, centre-droit indépendantiste.
Place dans les sondages : quatrième ou cinquième position 10.7 % en moyenne et 5 conseillers municipaux.
Elsa Artadi remplace sur le terrain Joaquim Forn, ancien ministre catalan de l’intérieur, qui est le candidat officiel de Junts Per Catalunya mais incarcéré depuis 18 mois suite à la déclaration d’indépendance de la Catalogne.
En difficulté dans les sondages, la candidate du parti de Puigdemont attaque violemment dans les médias Ernest Maragall, jugé « trop vieux à 76 ans pour exercer la fonction de Maire » et qualifié d’indépendantiste de pacotille par Artadi.
Elsa Artadi veut une Barcelone plus naturelle. Un réaménagement des rues pour créer des couloirs verts de Collserola à Ciutadella et de Montjuïc à Besòs. Avec davantage de zones d’ombre, d’éclairage et de mobilier, un aménagement paysager longitudinal, une meilleure réglementation des feux de circulation et des voies plus larges selon le programme de la candidate.
Pour la gestion du tourisme, Artadi veut doubler la taxe touristique, 30 millions d’euros supplémentaires qui seraient destinés aux logements sociaux.
La candidate de Junts per Catalunya propose également que les bus touristiques payent « une taxe spécifique » et envisage de « créer un système de ticket comme dans le parc Güell » dans les zones saturées par le tourisme.
L’interview d’Elsa Artadi sur Equinox
Josep Bou
43 ans, entrepreneur. Candidat du Partido Popular droite conservatrice.
Place dans les sondages : sixième position 5.5 % en moyenne et entre 0 et 2 conseillers municipaux.
Le Partido Popular depuis la gestion de la crise indépendantiste par le premier ministre Mariano Rajoy est en voie de disparition en Catalogne, aspiré par Ciutadans. Le défi de l’entrepreneur Josep Bou est de figurer dans le prochain conseil municipal.
Sur la sécurité, Bou veut créer une brigade masculine de la police municipale composée de 500 agents.
Culturellement Josep Bou veut des délocalisations locales des grands musées de Madrid El Prado et Reina Sofia.
Enfin le candidat du Partido Popular ambitionne pour Barcelone la construction de 8.000 logement sociaux disponibles à 300 euros par mois.
L’interview de Josep Bou sur Equinox
Jaume Collboni
49 ans, avocat. Candidat du Part Socialiste.
Place dans les sondages : troisième position 16.5 % en moyenne et 8 conseillers municipaux.
Jaume Collboni se présente pour la deuxième fois aux élections municipales de Barcelone. Trop bas dans les sondages pour devenir maire, il ambitionne en revanche de faire partie de la prochaine majorité municipale.Tout au long de la campagne Collboni a exprimé son désir de pactiser avec la liste obtenant le plus de suffrages que ce soit Ada Colau, Ernest Maragall ou Manuel Valls.
Le candidat socialiste veut lancer le concept Expo 2030 a la Fira de Montjuïc sur le principe des expositions universelles. Par ailleurs Jaume Colloboni veut convertir le parc de la Ciutadella en un campus scientifique qui serait ouvert sur la mer.
L’interview de Jaume Collboni
Jaume Collboni est le seul des grands candidats de cette élection a avoir refusé de répondre aux questions d’Equinox, malgré de nombreuses relances.