Face à l’insécurité qui règne à Barcelone, les habitants décident de prendre les choses en main. Grâce aux réseaux sociaux et à des actions, ils s’organisent contre la délinquance.
L’insécurité est devenue la première préoccupation des Barcelonais, selon le baromètre de la municipalité publié en janvier dernier. Le problème est passé de la sixième à la première position. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur espagnol, au cours de l’année 2018, il y aurait eu plus de 500 infractions pénales par jour dans la capitale catalane. Plus de la moitié concernerait des vols. Si le problème des pickpockets existe depuis de nombreuses années dans les rues ou les transports en commun, il semble inquiéter particulièrement depuis quelques mois. Entre 2017 et 2018, les infractions pénales ont augmenté de 17,2% et les délits sexuels de 18,4%.
Le ras-le-bol des habitants
Avec une telle situation, les Barcelonais ont décidé d’agir. Nombreux dénoncent les scènes dont ils sont témoins grâce aux réseaux sociaux. Pour plus d’efficacité, des groupes se créent comme « Barcelona Residents Against Robbery » connu également sous le nom de « Barcelona unida contra el crimen ». Il compte aujourd’hui plus de 3 000 membres et des centaines de nouveaux par jour. Particuliers et commerçants racontent des vols dont ils sont victimes, les agressions aperçues et les rues qu’ils jugent sensibles. Les membres n’hésitent pas à révéler le visage des délinquants pour les signaler aux autres habitants. Ils multiplient les supports, les vidéos sont regroupées sur une chaîne Youtube et une carte a été lancée pour regrouper les délits, essentiellement concentrés dans le quartier de Ciutat Vella.
Dans sa description, les fondateurs du groupe expliquent qu’il faut s’unir pour pouvoir exiger un changement de loi en faisant pression auprès du gouvernement catalan. Certains se désolent que la loi ne soit pas plus sévère envers les vols en-dessous de 400 euros. En attendant, le groupe recrute des volontaires « pour faire une vraie différence à Barcelone ». Via le formulaire d’inscription, on apprend qu’il souhaite se développer, en cherchant des community managers, sponsors, mais aussi des patrouilles pour surveiller les rues. D’autres habitants demandent à organiser une grande grève pour faire entendre leur voix et interpeller le gouvernement.
En parallèle, un autre groupe souhaite se relancer « Moda en el metro de Barcelona« . Il recherche depuis début avril un administrateur pour sa page Facebook. Cette dernière avait rassemblé des milliers de personnes autour d’une même idée: publier le visage de pickpockets.
Les justiciers
Les habitants restent également vigilants au quotidien et n’ont pas peur d’intervenir. Ce mois-ci, des voyageurs du métro ont attrapé un voleur et l’ont retenu jusqu’à l’arrivée d’un agent de sécurité. La vidéo fut diffusée sur Internet. Des Barcelonais deviennent même des figures publiques pour effectuer ce type d’action. En plus d’aider les plus défavorisés, le justicier Spider-Man ou SpideyBCN s’attaque à l’insécurité, il a aidé récemment une Barcelonaise a récupéré son téléphone.
Une autre habitante était devenue célèbre grâce à ses actions à répétition dans le métro: Eliana Guerrero. Depuis plusieurs années, cette justicière des temps modernes dénonce les pickpockets qu’elle aperçoit dans le métro de Barcelone. Elle n’a pas hésité à voyager avec une pancarte signalant leur présence, évitant ainsi des centaines de vols.
Une question revient auprès des habitants: que fait la police? Fin 2018 Valentín Anadón, porte-parole du syndicat de la police municipale, expliquait à Equinox que les agents de la Guàrdia Urbana s’avèrent démotivés par la politique d’Ada Colau qu’ils jugent peu repressive. Du côté des Mossos d’Esquadra, les agents ont été mobilisés pour la lutte antiterroriste ce qui réduit le nombre de patrouilles dans les rues de la ville.
À un mois des élections municipales, le thème de l’insécurité reste le centre de toutes les attentions.