Favori des sondages à l’élection municipale de Barcelone, le républicain de gauche Ernest Maragall est en interview en français sur Equinox.
Ernest Maragall nous reçoit dans son siège de campagne en plein cœur de l’Eixample. Ambiance start-up avec des trentenaires qui s’activent derrière leur téléphone. Sur les murs, pas de photos de Maragall mais des affiches de Barcelonais blacks, blancs, beurs. Du jaune fluo partout pour rajeunir la campagne d’un candidat qui a 76 ans.
Maragall, ancien socialiste aujourd’hui républicain indépendantiste, commence sa seconde vie politique. Petit fils du poète catalan Joan , frère de Pascal ancien président de la Catalogne et ex-maire de Barcelone durant les Jeux Olympiques, Ernest Maragall veut succéder à Ada Colau.
Les sondages lui sont favorables et Maragall dessine sa campagne avec un contour plus progressiste qu’indépendantiste.
Ada Colau
Il chasse clairement sur le terrain de la gauche d’Ada Colau. Le but de Maragall est d’arriver en tête du scrutin et ensuite de forcer Ada Colau à pactiser avec lui.
Maragall se présente avec les valeurs de gauche, mais avec une personnalité plus ouverte que celle de la mairesse actuelle: « on gouverne pour les gens, pas contre eux » lâche le candidat, reprenant une critique récurrente sur le supposé côté sectaire de Colau.
Sécurité
Le candidat républicain, qui possède une profonde culture de la France confie au micro d’Equinox ne pas vouloir tomber dans le piège du laxisme en matière de sécurité. « Je ne répéterai pas l’erreur de la gauche française qui a laissé à la droite la défense de la sécurité » affirme Maragall.
On trouve ici le point le plus clivant avec Ada Colau. La maire sortante est pointée du doigt pour ce manque de défense de la police, et la hausse de l’insécurité dans les rues de Barcelone, sujet devenu la première préoccupation des Barcelonais selon les enquêtes d’opinion.
Une Guardia Urbana modernisée, soutenue est à l’ordre du jour. Le candidat de gauche juge également la justice espagnole trop laxiste avec les délinquants. « Il faut une réforme judiciaire pour condamner les délits les plus légers, sinon les auteurs sont relâchés et on tombe dans l’impunité » soutient Maragall.
Les Français
Francophone et francophile, Maragall lance une ode aux Français de Barcelone : actif indispensable pour la ville, particulièrement les entrepreneurs. Pour Maragall les Français sont un allié dont Barcelone ne peut pas se passer.
La pollution
Le candidat veut prendre exemple sur la gestion de la pollution mise en place par la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo et « aller encore plus loin ». Sortir au maximum les voitures de la ville, et aussi s’attaquer aux livreurs de produits achetés sur Internet qui génèrent une forte activité dans le trafic routier de Barcelone.
L’âge
A 76 ans, le candidat de la gauche indépendantiste a subi les remarques de la droite souverainiste dans des interviews Equinox. Homme du passé pour Artur Mas, le futur ne peut être incarné dans ces élections que par la candidate indépendantiste de centre-droit Elsa Artadi selon Carles Puigdemont. « C’est trop facile et on me retire mon expérience accumulée » se désole Ernest Maragall. « Je veux confronter mes idées et mon programme avec les autres candidats ». Et de dire du bien d’Elsa Artadi : « une personne que je connais bien, capable politiquement et personnellement« .
Même si le but avoué de Maragall est de former un grand arc progressiste avec Ada Colau et les socialistes, il ne ferme pas la porte à intégrer Elsa Artadi et les amis indépendantistes de Carles Puigdemont dans une future majorité municipale.
Manuel Valls
Interpellé dans une interview sur Equinox par Manuel Valls, Ernest Maragall profite de l’occasion pour répondre à l’ancien Premier ministre. Manuel Valls avait déclaré que lorsqu’il était ministre catalan des Affaires extérieures, Maragall avait essuyé le rejet de toute l’Europe sur la question indépendantiste. Ironique, Valls a demandé si avec le maire Maragall, Barcelone sortirait de l’Europe.
L’ancien ministre de l’Action extérieure botte en touche : l’Europe ne s’est jamais prononcée sur l’indépendance de la Catalogne tout comme elle ne l’a pas fait sur l’éventuelle indépendance de l’Ecosse. L’Europe c’est nous, se vante Maragall qui conclut : nous ferons l’Europe sans Manuel Valls.