Depuis plusieurs mois, les syndicats des travailleurs dénoncent la présence d’amiante dans le métro de Barcelone. Le cas de Rafael Rubio, premier travailleur actif touché, relance la polémique sur les possibles dangers de ce matériau.
Depuis le mois dernier, au détour d’un couloir, les voyageurs du métro peuvent lire des pancartes informant du risque de toucher les murs en raison de la présence d’amiante. Ce matériau isolant, qui correspond aux minéraux à texture fibreuse, a été interdit définitivement en 2002 en Espagne en raison de ses effets négatifs sur la santé. Pourtant, les Transports Métropolitains de Barcelone (TMB) en charge du métro, assurent « qu’il n’y a aucun risque pour les voyageurs ». L’affichage s’adresse en réalité aux travailleurs qui accèdent au plafond et qui percent les murs, qui eux courent un risque puisque l’amiante se cache derrière.
La signalisation s’avère pourtant peu rassurante pour les utilisateurs du métro. En Espagne et dans le reste de l’Europe, l’amiante était utilisé dans l’industrie et la construction pour ses caractéristiques d’isolation et de résistance au feu. Dans les années 80, les agents cancérigènes contenus dans la fibre d’amiante furent révélés. Les personnes respirant les particules en suspension provenant du matériau peuvent développer plusieurs maladies des poumons, comme l’asbestose ou le mésothéliome.
Malgré l’interdiction, l’amiante est encore présent dans des constructions. Le département de projets d’infrastructures du métro se charge de le détecter et de publier des listes régulièrement. En octobre dernier, TMB informait que 200 éléments contiennent de l’amiante dans le métro, répartis dans 125 stations. En décembre, 94 wagons ayant une peinture à base d’amiante étaient encore en circulation. Toutefois, TMB affirme à nouveau qu’ils ne représentent aucun danger pour les voyageurs car le dérivé d’amiante présent dans la peinture n’est pas friable. À long terme, l’objectif serait toutefois d’enlever tous les éléments contenant de l’amiante.
Des travailleurs touchés, incertitude pour les usagers fréquents
Du côté des travailleurs du métro, les inquiétudes sont bel et bien là. TMB a lancé un programme de surveillance spécifique pour les employés du service de maintenance qui ont été exposés à l’amiante au cours de ces quinze dernières années. 620 ont participé de façon volontaire sur les 1.000 concernés. 22 d’entre eux souffrent aujourd’hui de problèmes pulmonaires, mais qui ne requièrent pas de traitements médicaux. TMB affirme qu’il ne s’agit pas d’une pathologie grave et que seuls des contrôles médicaux réguliers sont conseillés en prévention.
Depuis quelques mois, les syndicats se battent cependant pour demander « une reconnaissance du fait que les employés sont exposés à l’amiante au quotidien » explique Oscar Tran de CGT Metro Barcelona. L’organisation a même créé sur son site officiel, une section « amiante » informant que les travailleurs y laissent leur santé. Selon les syndicats, un ancien employé souffre d’un cancer des poumons et un retraité serait décédé, à cause de l’exposition à l’amiante.
Mercredi dernier, Rafael Rubio Almansa confiait être atteint d’asbestose. L’homme de 63 ans est opérateur de maintenance des wagons dans les ateliers de TMB, depuis 1978. Il s’agirait du premier cas de travailleur encore actif. Le 23 février, deux cas de problèmes pulmonaires avaient été révélés. Cette fois, les deux femmes n’exercent pas au service de maintenance, elles conduisent le métro et sont à l’accueil des stations. « Cela prouve que sans être directement exposés à l’amiante, des travailleurs peuvent être touchés. Le danger est réel pour les employés et peut-être pour les voyageurs qui prennent beaucoup le métro » conclut Oscar Tran.
Contactée par Equinox, la direction de la TMB n’a pas souhaité réagir sur ces trois cas, indiquant que les vérifications médicales étaient toujours en cours et assurant que « les conditions du réseau sont actuellement sûres pour les usagers et les travailleurs ».