Alfred Bosch: « Les indépendantistes sont en prison pour la démocratie »

Le ministre catalan des Actions extérieures, l’indépendantiste Alfred Bosch, reçoit Nico Salvado au siège de son ministère de la carrer Pietat pour une interview en français sur Equinox Radio.

A quelques encablures du Palau de la Generalitat, se situe le ministère, au sein de la Casa del Canonge la résidence officielle des présidents de la Catalogne. Dans l’immense bureau d’Alfred Bosch est accroché au mur le portrait officiel du fondateur du ministère, Raül Romeva actuellement incarcéré et jugé dans le cadre de la déclaration d’indépendance.

Entre 2015 et 2017, Romeva a fait le tour du monde à la recherche de soutiens internationaux pour le processus indépendantiste catalan. Dans le conflit avec l’État, le département d’Actions extérieures de la Generalitat est dans le viseur de la diplomatie espagnole. A d’innombrables reprises les ministres espagnols, qu’ils soient de droite ou de gauche, dénoncent le rôle exercé par les indépendantistes catalans sur la scène internationale présentant l’Espagne comme autoritaire et arriérée.

Ainsi, Alfred Bosch est prudent. Dans son interview, il décrit l’action de son ministère dans le strict cadre de la légalité constitutionnelle: assurer la promotion internationale du tourisme, du commerce et des entreprises catalanes. Ce qui n’empêche pas le ministre d’expliquer à ses interlocuteurs internationaux la situation actuelle des indépendantistes catalans, avec un gouvernement en prison pour avoir organisé un référendum selon Alfred Bosch.

Échanges avec la diplomatie française

D’ailleurs, si l’on en croit Bosch, ses propos trouvent des échos favorables dans différents partis comme les conservateurs au Royaume-Uni ou des députés américains. En France, Alfred Bosch explique qu’il s’exprime devant l’intégralité des partis politiques, à l’exception du Front National.

Sur la scène internationale, Bosch doit composer avec Carles Puigdemont et sa garde rapprochée qui tentent à leur manière de porter la bonne nouvelle indépendantiste. « Nous faisons partie d’une coalition gouvernementale avec la droite de Puigdemont, nous devons nous entendre » dit celui qui a toujours milité au sein de la gauche républicaine d’ERC.

Enfin, Alfred Bosch affirme beaucoup discuter avec la diplomatie française en Espagne, que ce soit avec le consul général de France à Barcelone ou l’ambassadeur à Madrid.

Concernant la réouverture du Diplocat, le réseau diplomatique privé de la Generalitat dissous par le gouvernement espagnol, Alfred Bosch ici aussi fait preuve de prudence. Diplocat sera remis en fonction comme auparavant, mais la Catalogne parle de diplomatie civile, qui passe par les entreprises ou le FC Barcelone qui font briller la marque Catalogne à l’international.

En politique intérieure, Alfred Bosch soutient la candidature d’Ernest Maragall à la mairie de Barcelone. Nouveau virage de modération. Plutôt que de soutenir un programme directement indépendantiste, Bosch loue les valeurs de progrès de la candidature de la gauche républicaine. Quitte à reprendre le même vocabulaire d’Ada Colau sur la répartition des richesses. Preuve du retour du clivage droite/gauche dans la capitale catalane, Bosch prend bien soin de ne pas prononcer le nom de Manuel Valls. A ERC on a bien compris que le vote anti Manuel Valls galvanise Ada Colau, rempart naturel de la gauche. Il faut donc minimiser la présence sur le sol catalan de l’ancien Premier ministre français.

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