Certes ce ne sont que des sondages, ils doivent être maniés avec précaution. Cependant, toutes les enquêtes révèlent une poussée extrêmement forte de l’extrême droite de Vox, le parti frère du Front National.
Vox, un parti pourtant inexistant dans le jeu politique espagnol jusqu’en novembre 2017, pourrait changer le visage du pays. A cette date, Vox devient partie civile dans toutes les décisions judiciaires concernant la déclaration d’indépendance de la Catalogne.
Dans ce domaine, Vox a obtenu des succès, comme réussir à empêcher la libération conditionnelle de l’ancien ministre de l’Intérieur de Carles Puigdemont. En février dernier, tandis que le parquet voulait faire cesser la prison préventive de Joaquim Forn, la partie civile Vox s’est violemment opposée et le juge instructeur Pablo Llarena a suivi.
Cette surexposition, avec moins d’opposition médiatique que dans le cas du FN en France, a trouvé sa traduction dans les urnes. Pour la première fois de l’histoire espagnole moderne, l’extrême droite a obtenu une représentation parlementaire avec une dizaine de députés en Andalousie au mois de décembre dernier.
Une fois de plus, contrairement au modèle français, il n’y a pas eu de cordon sanitaire. La droite traditionnelle du Partido Popular (PP) a rapidement conclu une alliance avec l’extrême droite. Les libéraux de Ciutadans ont à leur tour pactisé directement avec le PP et donc indirectement avec l’extrême droite. Ainsi, s’est formé un trident droitier qui pourrait être le modèle reproductible lors des prochains scrutins dans tout le pays. A commencer par les législatives anticipées du 28 avril, suivies des municipales et régionales un mois plus tard, le 26 mai.
Dérive droitière
Pour les élections générales, la possibilité d’un trident Partido Popular – Ciutadans – Vox apparaît sans toutefois être garanti. Contrairement à la France, en Espagne le président n’est pas directement élu. Les électeurs votent pour des députés, qui ensuite investissent le chef du gouvernement. Il y a 350 parlementaires, il faut donc au moins 176 sièges pour remporter le gouvernement.
En effectuant une moyenne des principaux sondages, le PP obtiendrait 85 sièges, Ciutadans 56 et Vox 34: soit un total de 175 parlementaires pour la grande coalition droite et extrême droite, à un siège de la majorité absolue. De l’autre côté de l’échiquier, une majorité alternative pourrait être formée avec les socialistes 110 sièges, Podemos 39, les indépendantistes catalans 18, les nationalistes basques 6 et divers régionalismes avec 3. L’élection reste serrée avec une extrême droite en embuscade. Concernant les élections locales, la déferlante droite et extrême droite est encore plus forte.
Le trident droitier pourrait diriger Madrid la capitale de l’Espagne, ainsi que le grand conseil régional madrilène, soit l’équivalent de l’Île-de-France. Même résultat dans le centre du pays, dans les régions de Castille-et-León et Castille-La Manche. Au sud, Murcia et Estrémadure suivent l’exemple de l’Andalousie et pourraient être rafflées par la droite alliée à l’extrême droite. Les grandes villes de Séville et Malaga pourraient être dirigées par ce type de coalition si l’on en croit les différentes enquêtes publiées.
Le même soir auront lieu les élections européennes. Le parti socialiste est donné en tête avec 26,8%, suivi du PP avec 20%, Ciutadans 17,3% et 11,1 % pour l’extrême droite de Vox. Les Français de Barcelone pourront voter lors des municipales et européennes mais ils n’ont pas le droit de vote pour les législatives.