[vc_row][vc_column][vc_column_text]Les leaders indépendantistes passent un mauvais moment au Tribunal suprême, où le représentant du ministère de l’Intérieur et l’ancien préfet espagnol, tentent de démontrer que la violence a rythmé le processus de séparation de la Catalogne avec l’Espagne.
La quatrième semaine du procès, qui s’est ouverte hier, rend la défense des douze leaders indépendantistes actuellement poursuivis plus incertaine.
Jusqu’ici, une lueur d’espoir brillait dans le camp indépendantiste.
L’enjeu majeur du procès est de déterminer si les faits de l’automne 2017, soit les manifestations, le référendum et la déclaration d’indépendance, comportaient une part de violence pouvant conduire les accusés derrière les barreaux pendant plusieurs années.
Lors de la première semaine d’audience, les anciens ministres de Carles Puigdemont, l’ex-présidente du parlement et les leaders associatifs se sont bien défendus face au procureur. Un parquet qui a eu grand mal à démontrer que la violence était présente en Catalogne lors des jours décisifs de 2017.
La seconde semaine, les témoins proches de la défense, Artur Mas, Ada Colau et les députés indépendantistes, ont appuyé le récit des accusés: il n’y a pas eu de violence au sein du processus pacifique indépendantiste.
La troisième semaine, avec les déclarations de Mariano Rajoy et ses anciens ministres, les défenses n’ont pas tremblé. Fidèle à son style, Mariano Rajoy a pris la fuite en avant, ne prenant aucune responsabilité dans l’opération Copernic qui a vu 10.000 forces de l’ordre débarquer sur le sol catalan et commettre des violences policières lors du vote du 1er octobre.
Le camp indépendantiste pensait alors que le procès penchait largement en sa faveur. Des sources de la défense commençaient même à évoquer le retrait du délit de rébellion qui inclut la violence.
Ministère de l’Intérieur
Changement de ton hier avec l’apparition du numéro deux du ministère de l’Intérieur espagnol, José Antonio Nieto appartenant au Partido Popular (droite conservatrice) de Mariano Rajoy. Le bras droit du ministre de l’Intérieur de l’époque qui apparaît en qualité de témoin a souligné à de nombreuses reprises des violences: « Les dégâts causés aux véhicules de la Guardia Civil (le 20 septembre lors de la manifestation indépendantiste devant le siège du ministère de l’Économie NDLR) étaient très importants ». Au cours des longues journées d’automne Nieto, qui est resté en déplacement à Barcelone, assure que « la mission des CDR (groupuscules indépendantistes NDLR) était organisationnelle mais, à mon avis, a conduit à des attitudes violentes ». Neto relate que le jour du référendum: « il y a eu des attaques envers la police: un nombre important d’agents ont reçu des coups ou des jets de barrières ».
Le récit par Nieto de la dernière réunion de sécurité avant le référendum entre Carles Puigdemont, ses ministres, les responsables des Mossos d’Esquadra d’une part et les dirigeants espagnols d’autre part est particulièrement accablant pour les premiers.
L’un des autres grands thèmes de ce procès fleuve concerne les Mossos d’Esquadra. La police de la Generalitat s’est-elle montrée déloyale à la Constitution espagnole ? Clairement selon José Antonio Nieto. Il affirme que « les Mossos n’ont manifesté aucun intérêt à se coordonner pour se conformer à l’instruction judiciaire d’interdire le référendum (…) Nous avons perdu la confiance dans les Mossos, monsieur Trapero (le chef de la police catalane de l’époque NDLR) avait une attitude démontrant ne pas vouloir collaborer » sentence le responsable du ministère de l’Intérieur espagnol.« Nous en sommes arrivés à une situation surréaliste où le gouvernement Puigdemont nous expliquait comment il tentait d’empêcher un référendum illégal qu’il avait lui-même convoqué »conclut Nieto.
Ancien préfet
Une double réalité qu’a également dénoncé dans sa déclaration Enric Millo, le préfet de l’époque en Catalogne appartenant lui aussi au Partido Popular. Le gouvernement de Carles Puigdemont a voulu créer une double légalité en même temps critique Millo: celle de l’Espagne et une autre émanant du Parlement de Catalogne. « Nous avons démontré que cela est impossible » se félicite l’ancien préfet.
Lors des faits, le représentant de l’État espagnol voit lui aussi de la violence: « les 6 et 7 septembre (vote des lois du référendum et de déconnexion NDLR) , une situation d’incertitude a été générée. Après ces assemblées plénières, de nombreux actes de harcèlement ont été commis » opine l’ancien préfet qui souhaite ajouter une expérience personnelle: “à moi ils m’ont menacé: « Millo mort » » a été tagué sur un mur de la ville de Gérone.
« J’ai essayé de persuader Puigdemont de ce qui, à mon avis, était une idée suicidaire qui allait beaucoup nuire à la société catalane avec la feuille de route aboutissant à une déclaration d’indépendance qui n’était pas symbolique mais réelle » conclut Enric Millo.
Un témoignage qui a fait monter dans les tours le président catalan Quim Torra qui a tweeté quelques minutes après la fin de l’audition qu’Enric Millo était un menteur relatant des faits inexacts.
Hi ha mentides, hi ha falsedats i després hi ha aquestes declaracions del Sr. Millo. https://t.co/S8T8TNZ14A
— Quim Torra i Pla (@QuimTorraiPla) 5 de marzo de 2019
Colonel de Guardia Civil
La journée s’achève dans le même style avec la déclaration du colonel Pérez de los Cobos, qui a dirigé sur le terrain les 10.000 policiers espagnols déployés pour empêcher le vote du 1er octobre. Le haut gradé décrit lui aussi une situation critique: « lorsque Puigdemont a appelé a défendre les urnes, la virulence de certaines personnes a encore augmenté (…) Il y avait de très graves situations de violence, je me souviens d’un Guardia civil sur le sol qui a reçu un coup de pied dans la tête » insiste Pérez de los Cobos.
Si la violence est retenue par les tribunaux, les leaders indépendantistes risquent entre 17 et 25 ans d’incarcération. Le procès se poursuit jusqu’à la mi-avril.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_wp_custommenu nav_menu= »3342″][/vc_column][/vc_row]