Vendredi 8 mars, la grève féministe aura lieu à Barcelone et dans d’autres villes d’Espagne pour demander une réelle égalité de droits entre les hommes et les femmes.
À l’occasion de la Journée internationale du droit des femmes, une centaine d’entités féministes convoquent pour la seconde année consécutive une grève en Espagne. La première grève féministe du pays s’était tenue l’an dernier, en s’inspirant de celles initiées en 2017 grâce au mouvement argentin contre la violence de genre, Vivas nos queremos. Coordonnée par l’espace de travail de débat et d’organisation Comisión 8M, la grève a lieu car les vies des femmes « continuent d’être marquées par les inégalités, les violences machistes et la précarité ».
D’autres points s’ajoutent à la mobilisation, comme l’explique Sylviane Dahan, responsable du travail des femmes à la Fédération d’associations des voisins de Barcelone. Parmi eux, le racisme, le nationalisme qui crée une division en Catalogne et la mercantilisation du corps des femmes. La féministe précise que la prostitution est le résultat d’une précarité et d’une pauvreté chez les femmes et que ce thème s’avère conflictuel en Espagne.
Le féminisme, plus divisé en Espagne qu’en France
Le gouvernement espagnol de Pedro Sánchez soutient la grève de vendredi. Le président du gouvernement a annoncé dans une lettre que « ce vendredi, journée internationale de la femme, le gouvernement d’Espagne aura comme seule activité institutionnelle la célébration du Conseil des Ministres ». Depuis quelques jours, les comptes Twitter des différents ministères affichent une photo de profil violette avec la phrase « tiempo de mujeres 8M 2019 ». En plus du gouvernement de gauche, les médias nationaux font écho des revendications et manifestations prévues.
Pourtant, malgré la mobilisation importante en Espagne, le mouvement féministe reste divisé selon Sylviane Dahan. L’activiste précise que « l’État n’est pas central comme en France. En Catalogne, c’est encore plus compliqué car l’indépendantisme crée la division. On s’organise pour le 8M mais le reste de l’année c’est moins fort ». En France, les valeurs féministes et les associations sont bien ancrées dans les partis politiques, le mouvement féministe est donc différent. « On remarque aussi qu’il y a eu un vide générationnel en Espagne, les jeunes sont moins habitués à la réflexion sur le sujet » ajoute-t-elle.
Inquiétudes
La grève féministe se tiendra dans un contexte politique compliqué: celui de la période électorale, avant les élections législatives anticipées du 28 avril. De plus, la montée de l’extrême droite en Espagne, concrétisée par l’obtention de Vox de douze sièges au Parlement d’Andalousie en décembre dernier, inquiète les entités féministes. « L’extrême droite remet en cause tous les acquis de ce dernier siècle, pour lesquels des mouvements féministes et de gauche se sont battus » alarme l’activiste.
En parallèle, les ultraconservateurs de l’association HazteOir.org font campagne contre « le féminisme radical ». Un bus part en tournée jusqu’au 8 mars à travers toute l’Espagne. Il arbore la tête d’Hitler, ainsi que les messages « Stop Feminazis », « la violence de genre est une violence domestique, les lois sur le genre discrimine l’homme ». HazteOir.org demande le retrait de la loi de 2004 sur la violence de genre.
Face à ces menaces, la grève devrait être plus suivie que l’an dernier selon Sylviane Dahan. « Beaucoup de monde est attendu, il faut continuer à se construire avec nos valeurs et sans tomber dans la provocation » conclut-elle.