Mariano Rajoy à la barre du procès des indépendantistes

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Journée chargée aujourd’hui lors du procès des indépendantistes catalans. La déclaration de l’ancien Premier ministre Mariano Rajoy s’est faite dans la tension. 

L’iconoclaste député indépendantiste Joan Tarda a pénétré dans le feutré tribunal suprême comme un taureau entre dans l’arène. Le parlementaire ouvre les séances dédiés aux témoins des faits de l’automne 2017 qui ont convergé vers la déclaration unilatérale d’indépendance le 27 octobre, et pour lesquels sont jugés les membres du gouvernement Puigdemont, l’ancienne présidente du parlement et les leaders associatifs.

A la première question de la partie civile, le mouvement d’extrême-droite Vox, Tarda a voulu répondre en catalan pour expliquer que ce procès était « inspiré par la vengeance de l’État espagnol qui a été humilié par le référendum ». « On ne commence pas bien » l’a directement coupé le président du tribunal avec un double reproche : la langue de l’administration judiciaire est l’espagnol pas le catalan, et Tarda n’est pas invité à commenter politiquement le procès mais uniquement à témoigner des événements auxquels il a pu assister.

Tarda a suivi la ligne de défense des indépendantistes depuis le début du procès : le pacifisme. « Ni l’unité de l’Espagne ni l’indépendance de la Catalogne ne valent la moindre violence » a sentencié Tarda. 

Déclaration d’Artur Mas

La matinée a continué avec le témoignage d’Artur Mas. L’ancien président de la Generalitat est arrivé aussi élégant que Joan Tarda était bourru. Mas lui aussi a insisté sur la violence policière espagnole qui a rythmé le référendum du 1er octobre. L’ancien président à de nombreuses reprises a mentionné la consultation populaire du 9 novembre 2014. Un vote citoyen sur l’indépendance qui a coûté à Artur Mas, à l’époque président de la Catalogne, une lourde amende et 13 mois inéligibilité.

procès indépendance catalogne

Cette consultation avait été tolérée par le Premier ministre de l’époque Mariano Rajoy. Artur Mas a affirmé qu’il croyait que le 1er octobre 2017, le gouvernement espagnol agirait avec la même tolérance que le 9 novembre 2014. « Je n’aurais jamais pensé que le gouvernement serait si peu intelligent pour envoyer la police le 1er octobre 2017 » a conclu l’ancien président.

Déclaration de Soraya Sáenz de Santamaría

A midi est arrivé le tour de l’ancienne vice-présidente du gouvernement espagnol Soraya Sáenz de Santamaría. Contrairement aux ministres de Carles Puigdemont qui expliquent depuis la semaine dernière que la déclaration d’indépendance était uniquement symbolique, Santamaría a insisté sur le fait que l’indépendance était bel et bien actée. Un fait qui a obligé le gouvernement espagnol à destituer le gouvernement catalan et dissoudre le parlement via l’article 155 de la Constitution selon l’ancienne vice-présidente.

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Au niveau des violences, Soraya Sáenz de Santamaría donne le point de vue du gouvernement espagnol : les indépendantistes ont attaqué les forces de l’ordre qui ont dû répliquer de manière musclée. « Si la Generalitat n’avait pas convoqué le référendum avec des murs humains [Santamaría reprend ici les mots du procureur NDLR] il n’y aurait pas eu de violences » analyse l’ancienne dirigeante.

Déclaration de Mariano Rajoy

Après la pause déjeuner arrive un des moments les plus attendus de ce procès : le témoignage de l’ancien Premier ministre lors des faits : Mariano Rajoy. Tout d’abord, l’ancien leader a dû répondre aux questions de  Javier Ortega Smith qui sera d’ailleurs candidat pour l’extrême-droite du parti Vox. Ortega Smith intervient ici en qualité d’avocat de Vox qui est partie civile dans ce procès. Politiquement, Vox accuse de faiblesse le Partido Popular  envers les indépendantistes lorsqu’il était au pouvoir. D’où la question d’Ortega Smith à Rajoy : « Vous n’avez pas réussi à empêcher le référendum du 1er octobre? ».  Ceci n’était pas un référendum »  répond Rajoy du tac au tac, estimation que l’ancien Premier ministre avait déjà faite le soir du 1er octobre,  la commission électorale ne reconnaissant aucune valeur légale à ce scrutin.

Mariano Rajoy s’est dit préoccupé par le niveau de violences en Catalogne durant l’automne 2017. L’ancien Premier ministre a cité en exemple l’harcèlement dont auraient été victimes beaucoup de maires socialistes qui ne voulaient pas céder au gouvernement catalan les locaux municipaux pour le vote du 1er octobre.

Mais la véritable tension a eu lieu lors du tour des questions d’un des avocats des leaders indépendantistes, l’ancien député indépendantiste Quico Homs, renforçant encore plus le caractère politique de ce procès. « Si la situation était si violente, pourquoi ne pas avoir déclaré l’état de siège comme le prévoit la constitution? » demande Homs. « L’article 155 de la Constitution qui permet de récupérer les compétences de la Generalitat [dont la police catalane NDRL] était adapté à la situation » réplique Rajoy.

A la question très politique sur la mesure prise par le gouvernement central pour favoriser le dialogue avec la Generalitat, Rajoy a botté en touche : « ma limite au dialogue est la souveraineté, la Constitution et la loi ».

Globalement pendant une heure et quarante-cinq minutes, Mariano Rajoy a rejeté toute forme de responsabilité sur le gouvernement catalan et n’a fait aucune auto-critique. Le procès continuera au moins jusqu’à la mi-avril. Les accusés risquent entre 17 et 25 ans de prison pour les délits de rébellion et sédition.

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