Procès Indépendantistes – Pour les accusés, le référendum est légal

Pour cette quatrième journée du procès le plus important de l’histoire moderne de l’Espagne, l’ambiance était tendue. L’ancien porte-parole du gouvernement de Puigdemont, Jordi Turull, et l’ex-conseiller aux Affaires étrangères Raul Romeva sont passés à la barre.

Turull est derrière les barreaux d’une manière préventive depuis exactement 365 jours. L’ancien ministre catalan avait visiblement envie d’en découdre face au procureur espagnol Jaime Moreno.

L’homme politique, qui risque 17 ans de prison pour les délits de désobéissance et rébellion, a défendu le vote du 1er octobre organisé par le gouvernement de Carles Puigdemont. « Ce n’est pas un délit d’organiser un référendum. On ne peut donc pas nous accuser d’avoir organisé un référendum parce que ce délit a été dépénalisé. Il a été supprimé du code pénal en 2005 » affirme Turull devant ses juges.

L’ancien ministre catalan des Affaires étrangères, Raul Romeva, lui aussi jugé pour les mêmes faits, soutenait quelques heures plus tard devant le tribunal un argument similaire : « J’ai toujours compris que le droit à l’autodétermination était un droit qui évolue et intègre de nouvelles hypothèses (…)  Il n’y a pas un seul traité international ou européen qui interdit expressément l’exercice du droit à l’autodétermination. Aucune disposition de la Constitution espagnole ne l’interdit explicitement « .

« Les Catalans ne sont pas des moutons »

Turull a expliqué que le gouvernement n’a pas incité le peuple catalan à se rebeller contre l’État espagnol. Au contraire, l’ancien ministre argumente que le mouvement indépendantiste est né dans la rue, au sein du peuple. « Les citoyens de Catalogne ne sont pas militarisés, ce ne sont pas des moutons, ils ont des critères » a lancé froidement Turull au procureur, ajoutant que le mandataire du parquet était dans « l’ignorance totale de la société catalane ».

L’unique facette pacifique du mouvement indépendantiste est revendiquée par les deux anciens dirigeants. « Nous avons toujours combattu dans le pacifisme, nous sommes le pays de Pau Casals » s’est défendu Jordi Turull, avant de répliquer au parquet qui le poursuit pour avoir fomenté une situation insurrectionnelle en Catalogne:  » le récit de la violence  [dans le dossier d’accusation] n’a pas de sens, c’est un délire. »

« La construction de la paix est le meilleur outil possible pour bâtir la communauté. C’est l’une des raisons qui m’ont amené à défendre ce que j’ai défendu et ce que je défends encore aujourd’hui » affirme de son côté Raul Romeva.

Les deux leaders indépendantistes défendent le pacifisme et la légalité du référendum, mais retirent tout sens juridique et effectif à la déclaration d’indépendance du 27 octobre 2017. Selon eux cette déclaration n’avait aucune portée juridique, et n’était que « politique ».

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