Coincé entre les indépendantistes catalans et la droite favorable à l’unité de l’Espagne, le Premier ministre socialiste convoquera des élections anticipées.
Sans la Catalogne, il est impossible de gouverner l’Espagne. La maxime politique vient de se vérifier une nouvelle fois en ce 13 février. Avec une population de huit millions d’habitants, la Catalogne envoie 47 députés au parlement national espagnol. 17 de ses parlementaires sont des indépendantistes catalans. Depuis juillet dernier, le Premier ministre Pedro Sánchez gouverne le pays en minorité, uniquement soutenu par son parti socialiste et Podemos. Aujourd’hui, le gouvernement présentait au parlement le texte le plus important de l’année: les budgets généraux de la nation, qui conditionnent toutes les politiques sociales.
Pour les adopter, le gouvernement sans majorité avait besoin du vote des 17 députés indépendantistes. Ces derniers viennent de voter contre les budgets en raison du procès judiciaire où les leaders indépendantistes risquent entre 17 et 25 ans de prison. Le camp indépendantiste déplore que les socialistes n’aient fait aucun geste pour apaiser le parquet, afin que les peines soient réduites. Le gouvernement socialiste a pourtant tenté une négociation avec la Generalitat pour trouver un compromis, mais s’est fait stopper net par une manifestation des droites dimanche dernier à Madrid. 50.000 personnes sont descendues dans les rues de la capitale espagnole pour demander à Pedro Sánchez de ne rien négocier avec les indépendantistes et de convoquer des élections anticipées.
Problème de date
Sans le vote des budgets, Pedro Sánchez est dans l’impasse et n’a pas d’autre choix que d’appeler les Espagnols aux urnes. La législature est morte. Seule la date des élections reste à définir. Ce choix revient au président Sánchez qui doit dissoudre le parlement. La Moncloa a posé trois dates sur la table: le 14 avril, qui serait l’hypothèse la moins plausible, le 28 avril ou le 26 mai, date des élections municipales et européennes.
Un problème de taille se pose: la campagne électorale se déroulerait en même temps que le procès des indépendantistes. Les partis catalans se retrouveraient à la fois sur le banc des accusés et sur la scène de la campagne électorale. Idem pour le parti d’extrême droite Vox, qui est partie civile dans le procès avec un temps de parole important, et qui devrait effectuer une percée nationale lors de ces élections.
Pour ces raisons, Pedro Sánchez pourrait jouer la montre. Reconnaître que la législature est finie, mais attendre la fin du procès d’ici trois mois pour convoquer les élections.