Le parlement andalou est désormais dirigé par Ciutadans grâce aux députés régionaux de Vox, le Front National espagnol. Le grand perdant : Manuel Valls, candidat à la mairie de Barcelone.
Les trois droites ont gagné l’élection régionale andalouse le 2 décembre dernier. Les conservateurs du Partido Popular (PP) récoltent 26 députés, les libéraux de Ciutadans (CS) 21 et l’extrême-droite de Vox 12. Une majorité suffisante pour éjecter du pouvoir les socialistes qui dirigaient la région depuis 40 ans.
Le soir-même de l’élection, le Partido Popular a annoncé son intention de former une alliance avec Ciutadans et Vox. Ciutadans a alors commencé un storytelling expliquant qu’il ne s’acoquinerait jamais avec l’extrême-droite. Leurs alliés français, le parti En Marche d’Emmanuel Macron, clamaient eux aussi qu’il n’y aurait jamais d’accord entre le parti orange et Vox.
Ce jeudi 27 décembre pourtant, Marta Bosquet, avocate de Ciutadans, a été élue présidente du parlement d’Andalousie grâce aux voix de son propre parti, ceux du Partido Popular et de Vox. Ciutadans explique que son accord électoral est avec le PP et pas avec Vox. Un argumentaire laborieux. Dans une quinzaine de jours, le gouvernement sera formé avec à sa tête un président du PP, soutenu par les parlementaires de Ciutadans… et de Vox.
Embarras pour En Marche et pour Manuel Valls
Ce pacte mêlant Ciutadans et l’extrême-droite, difficile à imaginer en France, met dans l’embarras En Marche qui avait prévu une plate-forme électorale commune avec le parti d’Albert Rivera aux prochaines européennes.
Mais la grande victime de cette alliance est Manuel Valls. Le candidat à la municipale de Barcelone soutenu par Ciutadans a bataillé bec et ongles pour que cet accord n’ait pas lieu. Premièrement Vox est le parti anti-catalan par excellence, favorable à la suppression totale de l’autonomie politique de la Catalogne. Certes, l’ancien Premier ministre français est farouchement opposé à l’indépendance, mais pas hostile au catalanisme comme peut l’être Vox. Manuel Valls a justement besoin de séduire l’électorat respectueux des traditions catalanes. Or, l’irruption de Vox dans l’orbite de Ciutadans réduit la marge de manœuvre de Valls.
Deuxièmement, les relations entre Manuel Valls et Ciutadans sont assez froides, le fait que l’ancien Premier ministre n’ait aucune influence sur la stratégie nationale du parti risque encore de compliquer la suite de la campagne.
Troisièmement, Manuel Valls devient désormais la cible facile de tous les candidats à la mairie de Barcelone. Les indépendantistes et Ada Colau appellent à faire barrage à l’extrême-droite aux municipales, donc contre Ciutadans, donc contre Manuel Valls, le candidat soutenu par Ciutadans.
Une situation qu’avait voulu éviter à tout prix l’ancien député français qui a toujours appelé à former un cordon sanitaire contre Vox et avait fait de la lutte contre le Front National l’une de ses marques de fabrique.