Alors que le procès des dirigeants indépendantistes est sur le point de commencer, un double tremblement de terre secoue ce matin la Catalogne et l’Espagne.
D’une manière inattendue et illégale, les prisonniers indépendantistes posent en photo dans la prison catalane de Lledoners. C’est la première fois depuis leur incarcération que l’on peut voir les visages de Jordi Sànchez, Oriol Junqueras, Jordi Turull, Joaquim Forn, Jordi Cuixart, Josep Rull et Raül Romeva. La photo, où les prisonniers sont plutôt souriants, a pour but d’envoyer un message de sérénité et d’unité selon l’association indépendantiste Omnium qui a révélé le cliché et dont le président Jordi Cuixart est incarcéré depuis plus de 13 mois.
Pour protester contre l’incarcération préventive et les peines élevées que risquent les anciens dirigeants catalans (jusqu’à 25 ans de prison), l’ex-porte-parole du gouvernement Jordi Turull et l’ancien président de l’association indépendante ANC Jordi Sanchez, tous deux membres du parti politique de Carles Puigdemont, entament par ailleurs une grève de la faim. Les deux hommes sont les premiers à se priver de nourriture pour dénoncer le fait qu’ils aient été proposés à l’investiture à la présidence de la Catalogne par le parlement catalan l’hiver dernier mais empêchés par le juge en charge du dossier, sans intervention du Tribunal constitutionnel ni des institutions européennes.
Le gouvernement espagnol a réagi officiellement à 11h15, affirmant que les « prisonniers bénéficient la protection et les garanties qu’offrent l’État de droit ». La présidence du gouvernement assure que « comme tous les citoyens protégés par la loi, notre Etat de droit garantit aux dirigeants indépendantistes un procès juste », tout en rappelant que seul le pouvoir judiciaire peut décider de la sentence.
Hopital
Jaume Padros, médecin personnel de Jordi Sanchez et Jordi Turull, a expliqué pour sa part que la grève de la faim aura lieu sous les conditions du code de déontologie médicale, détaillant qu’il s’agissait d’une absence de prise de nourriture mais pas de boisson, et que c’était la première fois dans l’histoire de l’Espagne moderne que ce type de grève de la faim avait lieu. Les deux détenus seront suivis par le personnel de la prison avec une pesée et des prises de sang. Selon le médecin, ce type de grève de la faim extrême peut durer entre 2 et 10 semaines, et pourrait s’achever par une admission à l’unité pénitentiaire de l’hôpital de Terrassa, non loin de Barcelone. Dans les jours à venir, les autres prisonniers pourraient entamer une grève de la faim ou d’autres mesures.
Une annonce qui intervient à la veille de l’élection régionale andalouse, une terre particulièrement contraire aux thèses de l’indépendantisme, et qui pourrait se traduire par une envolée de la droite et de l’extrême-droite demain dans les urnes, et donc mettre le gouvernement Sanchez dans une situation impossible.