L’histoire ne se répète pas et les faits qui sont décrits dans cet article n’ont pas lieu d’être comparés avec les événements actuels qui opposent les indépendantistes catalans au gouvernement et à la justice espagnole. Les époques ne sont pas les mêmes, les enjeux non plus. Cependant, connaître le passé et sa lourde histoire permet de comprendre le présent.
1934. Le climat international est lourd et tendu. L’Espagne est sous le régime de la République. La droite vient de remporter les élections et s’apprête à entrer au gouvernement national, ce qui a pour effet de déclencher une grève générale dans tout le pays. En Catalogne, le très gauchiste Lluis Companys dirige la Generalitat. Le président catalan n’a aucune envie d’être dirigé par les conservateurs depuis Madrid et s’apprête à proclamer une semi-indépendance: la Catalogne sera une république de gauche au sein de la République fédérale espagnole.
Évidemment, Madrid n’est absolument pas d’accord avec cette initiative unilatérale et menace d’envoyer l’armée espagnole pour préserver le contrôle du territoire. L’époque est une poudrière et les armes circulent. Le camp nationaliste catalan peut compter sur les « Escamots d’Estat Català » une milice paramilitaire du parti politique Estat Català, ainsi que sur les Mossos d’Esquadra, la police catalane qui ne compte alors que 400 agents. La Guàrdia d’Assalt, l’ancêtre de la police espagnole, est dirigée par le gouvernement de Catalogne et ne participera pas directement au conflit armé.
Prise de la Generalitat
La priorité du président Lluis Companys est de préserver le siège du gouvernement, le Palau de la Generalitat sur la place Sant Jaume de Barcelone. Les Mossos prennent donc position devant la porte du palais.
Le 6 octobre, entre 20h10 et 20h20, le président de la Catalogne apparaît au balcon de la Generalitat pour proclamer la nouvelle République catalane. L’État espagnol décrète l’état de guerre et envoie l’armée pour arrêter le président et les membres du gouvernement, tous réunis dans le Palau de la Generalitat. Entrer dans le bâtiment de la Generalitat sera très rapide pour les militaires espagnols qui ont utilisé leurs armes dès leur arrivée sur la place Sant Jaume. Lluis Companys et son gouvernement, le président du parlement et le maire de Barcelone seront arrêtés. Le chef des Mossos d’Esquadra sera condamné à la peine de mort pour le délit de rébellion militaire.
Finalement, tous seront graciés par le nouveau gouvernement du Front Populaire qui a gagné les élections. De retour en Catalogne après un emprisonnement préventif, Federico Escofet Alsina reprendra sa fonction de chef des Mossos. Deux ans plus tard, le général Franco gagne la guerre civile et instaure une dictature. Federico Escofet Alsina partira alors en exil à Bruxelles.