Comme un peu partout en Occident, la relation des Barcelonais avec la mort a beaucoup évolué au cours du dernier siècle pour devenir presque invisible au quotidien. Quelques vestiges persistent toutefois, dont certains plutôt insolites.
La bibliothèque funèbre
Plus de 1800 ouvrages sur la mort sont mis à disposition du public dans cette bibliothèque unique en Europe. C’est l’archéologue spécialisé en rites funéraires Manel Hernández qui a commencé à compiler cette immense collection dans les années 1980. Les publications proviennent du monde entier, certaines sont en anglais, en français, en russe, en arabe ou en japonais. La bibliothèque, située au cimetière de Montjuic, est ouverte les mercredi, samedi et dimanche de 10h à 14h.
Le musée des corbillards
La capitale catalane n’est pas peu fière d’abriter l’une des plus grandes collections au monde de carrosses funèbres, et le seul musée du genre en Europe. Dix-neuf pièces originales du XIXe et XXe siècle qui permettent de mieux comprendre les usages funéraires de l’époque. Ouvert en 2012, le musée dispose aussi de plusieurs outils interactifs et numériques qui transportent le visiteur dans la Barcelone néo-classique.
La coutume du tabac dans les cercueils
Selon le spécialiste de la culture populaire catalane Joan Amades. les Barcelonais ont eu coutume de laisser une pipe et du tabac dans les cercueils de leurs défunts jusqu’au XIXe siècle. La croyance locale affirmait que Saint Pierre, qui détient les clés du paradis selon la religion catholique, était un grand fumeur, et qu’un tel cadeau saurait donc l’adoucir. Dans les cercueils des enfants, la pipe était remplacée par des dragées.
Les visites nocturnes de cimetières
Les cimetières de Barcelone organisent des visites guidées de nuit plusieurs fois par an sur les sites de Montjuic, Poblenou et Les Corts. Ces circuits nocturnes se réalisent à la lumière de bougies ou de petites lampes distribuées sur place, et des acteurs en habits d’époque participent à l’animation de ces événements qui rencontrent chaque année un succès fou.
Des tombes selon les métiers
Au Moyen-Âge à Barcelone, la profession était plus importante que l’appartenance familiale. Ainsi, sur les tombes de cette époque, on peut observer des gravures pour le moins inattendues comme celle d’un plan de travail avec un couteau en perspective pour un défunt boucher ou un grand chapeau pour un chapelier. Ces sépultures sont encore visibles dans l’église Santa Maria del Mar. A noter qu’aucune tombe de cette époque ne porte le nom d’une femme, alors aussi invisibles dans la vie que dans la mort.