En 1917, Barcelone inaugurait le premier monument en hommage à une femme. Le parc de la Ciutadella abrite une statue de Pepita Texidor, peintre barcelonaise à la renommée internationale au début du XXe siècle. Portrait.
Josefa Teixidor Torres naît en 1875 à Barcelone. Celle qui sera connue sous le nom de Pepita Teixidor, vient d’une famille aisée, passionnée par la peinture. Son père s’investit dans cet art lorsqu’il arrête son activité de fabrication d’éclairage public. Ses deux frères, Josep et Modest, peignent également à ses côtés. C’est dans cet environnement artistique que Josefa grandit, ce qui l’incite à se mettre aussi à la peinture.
À travers ses oeuvres, Pepita Teixidor affiche rapidement une passion pour les fleurs et se distingue des autres par sa grande technique. Elle maîtrise également l’aquarelle et la peinture à l’huile. La jeune femme s’empare de différents supports pour peindre des fleurs, comme des toiles mais aussi des éventails. La plupart de ses oeuvres sont de taille moyenne et rectangulaire, parfois ovales ou rondes. Elle devient une artiste en vogue à la fin du XIXe siècle. La bourgeoisie barcelonaise achète régulièrement ses tableaux. Mais la réputation de Pepita Teixidor va au-delà, même la reine Marie-Christine de Bourbon-Siciles s’est procurée plusieurs oeuvres.
Une artiste internationale
Pepita Teixidor était bien plus qu’une peintre. La Barcelonaise ne cachait pas son amour pour le chant et la musique. Engagée, elle participera activement à la reconnaissance des femmes dans les milieux artistiques. Elle fera notamment partie d’un groupe de femmes, avec Visitación Ubach et Lluïsa Vidal, qui lutte pour exposer dans les galeries d’art alors que seuls les hommes sont choisis à cette époque. Les oeuvres de Pepita Teixidor finissent par être exposées dans plusieurs grandes villes européennes et aux États-Unis.
À l’âge de 25 ans seulement, elle est même invitée à participer à l’Exposition universelle de 1900 à Paris, aux côtés d’artistes de taille, comme Santiago Rusiñol et Ramón Casas. Elle fut également reconnue par l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs dans la capitale française. La même année, ses oeuvres sont visibles à la XVI Exposition des Beaux Art Extraordinaire de Barcelone.
L’Exposition universelle marquera une étape clé de sa carrière puisqu’elle commencera à participer à des expositions prestigieuses dans le monde entier. En 1908 Alexandre de Riquer, artiste majeur de l’époque, assure que « les fleurs sentent et que les chardons piquent » pour décrire le réalisme des fleurs de Pepita Teixidor. La peintre exposera en 1908, 1914 et 1916 à la salle Parés de Barcelone. L’Exposition nationale de Bruxelles lui décernera la médaille d’or en 1910.
Hommage à Barcelone
Suite à une grave maladie, l’artiste décède en 1914. Elle fut enterrée au cimetière de Montjuïc. C’est grâce à un groupe de femmes du magazine Feminal, que la ville de Barcelone finit par lui rendre hommage en érigant une statue au sein du parc de la Ciutadella le 14 octobre 1917. Une tombola solidaire a permis de la financer. Ce monument est très symbolique puisqu’il correspond au premier qui représente une femme à Barcelone. Ainsi, si le nom de Pepita Texidor est méconnu pour les habitants, beaucoup ont déjà croisé la route de cette statue, qui a d’ailleurs été restaurée en mai dernier. Du côté des tableaux, seul le MNAC en possède trois de l’artiste, qui sont actuellement dans les réserves. La majorité des oeuvres appartiennent à des particuliers.
Leslie Singla