La polémique autour du garde du corps de Carles Puigdemont a créé des tensions tout au cours de l’été au sein du gouvernement de Catalogne.
Les anciens présidents de la Catalogne ont droit à un garde du corps une fois leur mandat achevé. Un policier dûment affecté par le ministère de l’Intérieur, armé et dévoué totalement à la protection de la personnalité publique. Carles Puigdemont est un ex-président de la Generalitat. Il aurait théoriquement le droit de bénéficier d’un officier de sécurité. Sauf que sa mise en examen suite à la déclaration d’indépendance du 27 octobre par la justice espagnole complique l’affaire.
Le ministère de l’Intérieur espagnol a expliqué que la police nationale recherchant Carles Puigdemont, si un agent se trouvait en présence de l’ancien président, il devrait le mettre en état d’arrestation avant de le protéger. Le mandat d’arrêt international ayant été retiré par le juge instructeur Pablo Llarena le 19 juillet dernier, cette interprétation juridique est soumise à discussion. Cependant un policier espagnol au côté de Puigdemont ferait mauvaise figure. « A chaque problème, il y a une solution » se plait à répéter l’ancien chef de la Catalogne. Ainsi, Puigdemont a plaidé auprès du gouvernement de Barcelone pour que le ministre de l’intérieur catalan désobéisse à l’Espagne et envoie de manière officielle mais unilatérale un Mosso d’Esquadra à Bruxelles.
Froideur
Une demande restée lettre morte. Carles Puigdemont a trouvé très froide l’attitude du ministre de l’intérieur catalan Miquel Buch dans cette affaire. Les services juridiques du gouvernement catalan ont pourtant validé la thèse selon laquelle Puigdemont a le droit de recevoir l’aide d’un garde du corps. Mais au lieu de donner l’ordre d’envoi de fonctionnaires de police, le ministre de l’intérieur catalan a choisi de demander l’autorisation de son homologue espagnol, qui comme on l’a vu et sans surprise a répondu par la négative.
Plusieurs sources bruxelloises affirment que Puigdemont est alors entré dans une colère noire. Une tension qui s’est traduite sur le réseau social Twitter, notamment via un message de l’ami de l’ex-président, le journaliste Carles Porta qui estime que Miquel Buch et les technocrates du ministère de l’Intérieur catalan cherchent à protéger leurs culs (sic)
Si "el ministeri no hi té res a dir", algú de la cons d'Interior hauria d'explicar per què es va "demanar permís" a Madrid, sabent, a més, q dirien q no. Mentrestant, al MHPG @krls el protegeixen voluntaris. Qui mana, @MiquelBuch o buròcrates experts en "protegir el seu culet"? https://t.co/XbDTk6wD3F
— Carles Porta (@Carles_Porta) 6 août 2018
Carles Puigdemont n’a pas trouvé le réconfort qu’il voulait auprès de Quim Torra. Celui qui se considère pourtant comme président temporaire en attendant le retour du chef légitime Puigdemont n’a pas non plus cherché à imposer sa volonté à Madrid. Le président de la Generalitat sait que la menace de la répression plane sur sa tête en cas de rébellion trop poussée contre l’Etat Espagnol. Une position qui déplaît fortement à Puigdemont dont le tempérament reste va-t-en-guerre.
Pour le moment, Quim Torra se contente de faire des déclarations chocs sans passer aux actes. Un comportement qui déplaît tellement à l’homme de Bruxelles qu’il serait resté sans adresser la parole à l’actuel président pendant les deux premières semaines d’août. Plusieurs sources bruxelloises et du Palau de la Place Sant Jaume affirment que dans l’ombre c’est la fidèle Elsa Artadi, porte-parole du gouvernement, qui prend les décisions importantes en lieu et place de Torra, avec la bénédiction de Carles Puigemont.
Fenêtre d’opportunité
Cependant, dans une vingtaine de jours, le président Torra et Carles Puigdemont actuellement à la tête de sa fondation du Conseil de la République catalane à Bruxelles devraient retrouver une symbiose pour relancer de manière très forte le processus indépendantiste. La fête nationale du 11 septembre, l’anniversaire de la manifestation du 20 septembre qui a conduit les responsables associatifs « Les Jordis » en prison, la commémoration du référendum du 1er octobre sont un triangle qui représente pour le camp indépendantiste un « momentum » où des centaines de milliers de personnes descendront dans la rue.
Carles Puigdemont répète à ses proches que cette période sera une fenêtre d’opportunité avec la possibilité de vivre un moment exceptionnel qui pourra donner une nouvelle chance à la Catalogne de marquer un goal contre l’Espagne et ouvrira le chemin vers l’indépendance.