En un week-end, Carles Puigdemont a réussi, depuis l’Allemagne, à prendre le contrôle du principal parti indépendantiste catalan.
Marta Pascal, coordinatrice du Partit Democrata (PdeCat) héritier du mouvement historique de centre-droit qui gouverne la Catalogne depuis quasiment 40 ans a permis la destitution de Mariano Rajoy le 18 juin dernier. Les sept députés au parlement national du PdeCat ont été décisifs pour que la majorité absolue fasse chuter Rajoy et mette a sa place le socialiste Pedro Sanchez.
Carles Puigdemont est furieux. Avec la noyade de Mariano Rajoy, la stratégie de présenter l’Espagne comme une pseudo-dictature proche de la Turquie tombe à l’eau. Le lisse Pedro Sanchez sied peu au plan de communication de Carles Puigdemont qui était plus à l’aise avec les provocations des conservateurs du gouvernement Rajoy. Carles Puigdemont entend relancer le processus indépendantiste dès la rentrée avec trois dates phare : la fête nationale du 11 septembre, l’anniversaire du 1er octobre (référendum) et du 27 du même mois (proclamation d’indépendance). Le procès des dirigeants séparatistes en prison devrait avoir lieu dans la foulée et dans l’émotion collective pourrait déboucher sur une convocation d’élections impulsées par Carles Puigdemont.
La semaine dernière, Carles Puigdemont a créé son nouveau parti « Crida per la Republica » (Appel pour la République) avec pour idée de prendre le contrôle total de l’espace électoral indépendantiste.
Le Pdecat, dont est membre l’ancien président, a essayé de résister à la dissolution dans Crida Per La Republica. La très modérée Marta Pascal a été politiquement décapitée par Carles Puigdemont. Le monarque républicain, depuis l’Allemagne, a envoyé ses mousquetaires mettre un terme à son mandat à l’occasion du congrès que tenait le parti ce week-end. « Je m’en vais car je n’ai pas la confiance du président Puigdemont » a reconnu dans son discours d’adieu Pascal.
Objectif : faire tomber le gouvernement socialiste
Samedi, les trois anciens ministres incarcérés Josep Rull, Jordi Turull et Joaquim Form, et l’ancien chef de l’association ANC lui aussi en prison, étaient favorables à l’expulsion de Marta Pascal de la direction du Pdecat. Les actuels ministres de l’Intérieur et de l’Industrie, ainsi que le président de la Generalitat Quim Torra en personne sont allés dans le même sens. « On ne peut pas aller contre la Generalitat et les ministres » a reconnu l’entourage de Marta Pascal.
Marta Pascal est remplacée par une direction pro-Puigdemont qui va probablement fusionner le Pdecat avec Crida Per La Republica. Le but de Puigdemont est maintenu : asseoir son influence sur le groupe parlementaire du PdeCat à Madrid (qui ne lui est pas favorable) afin de faire perdre la majorité parlementaire au socialiste Pedro Sanchez. De nouvelles élections et la possible victoire du radical conservateur Pablo Casado, nouveau chef du Partido Popular, serait le nouveau bouffon du monarque républicain.