Manuel Valls n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature à la mairie de Barcelone mais a déjà pensé au moindre détail de sa campagne.
L’ancien Premier ministre français tente de reproduire la recette gagnante de sa campagne pour la mairie d’Evry, cette ville de la banlieue parisienne qu’il dirigea pendant plus de 10 ans. Manuel Valls veut entrer en contact directement avec les citoyens dans les rues de Barcelone et faire du porte à porte. Il multiplie depuis des semaines les rencontres avec les associations, les clubs d’entrepreneurs, les leaders d’opinion.
L’ancien locataire de Matignon a déjà formé une équipe de campagne. Valls présentera une liste de personnalités qui ne proviennent pas du monde politique mais qui devront recevoir l’aval de la direction de Ciutadans qui soutient activement sa candidature. Pour bras droit, Valls aurait choisi un personnage bourré de réseaux dans la Barcelone favorable à l’unité de l’Espagne : Josep Ramon Bosch. Un homme puissant, influent mais sulfureux.
Menaces de mort
Ancien président de l’association Société Civile Catalane (SCC), principale plateforme anti-indépendance, Bosch s’est retrouvé dans un scandale démontrant ses accointances avec l’extrême-droite espagnole la plus radicale. C’est le journaliste spécialiste de l’ultra-droite Jordi Borras qui a révélé l’affaire dans son livre Desmuntant Societat Civil Catalana.
Dans un long récit de 20 pages, Borras démontre que Josep Ramon Bosch s’était créé en 2015 un faux profil Facebook pour menacer de mort des journalistes et responsables politiques indépendantistes ainsi qu’une chaîne Youtube sous pseudonyme pour diffuser des vidéos incluant des images nazies. Si Josep Ramon Bosch a toujours nié être derrière ces faux comptes sur les réseaux sociaux, il a néanmoins démissionné en catastrophe de la puissante présidence de SCC fin 2015. L’association Drets a porté plainte pour injures et menaces, mais le tribunal avait finalement classé l’affaire sans suite début 2017 pour cause de prescription, la plainte ayant été déposée 17 mois après les faits.
Ce n’était toutefois pas la première fois que le sulfureux Bosch se retrouvait au cœur du scandale. En 2013, SCC avait reconnu que son président s’était rendu à la commémoration du soulèvement militaire franquiste du 18 juillet organisé par la Fondation Nationale Francisco Franco.
Josep Ramon Bosch a également fondé le site d’information Somatemps, référence de la fachosphère barcelonaise qui exalte la civilisation espagnole pour combattre le séparatisme catalan. Sur toutes ses pages, une maxime attribuée au prêtre catholique François de Sales : « l’ennemi nous encercle et nous périrons à moins de nous battre ».
Manuel Valls « très motivé » pour se présenter
Manuel Valls et Josep Ramon Bosch ont fait connaissance en octobre dernier, en pleine crise indépendantiste, lors d’un repas du Círculo de Empresarios, un collectif d’entrepreneurs favorable à l’unité de l’Espagne.
Si l’on en croit la version du journal espagnol El Mundo, c’est Bosch qui aurait donné à Valls l’idée de se présenter à la mairie. L’actuel député d’Evry est sceptique. Pour le motiver, Josep Ramon Bosch lui aurait alors proposé d’être la superstar de différents meetings anti-indépendance organisés par Societat Civil. Peu à peu Valls se prit au jeu et commença à croire en sa propre candidature.
Contacté par Equinox, Bosch nuance la version de El Mundo, affirmant qu’« il n’est ni mentor ni chef de cabinet » et que « Valls a son propre agenda » même s’il « déjeune et dîne souvent avec lui lorsqu’il vient à Barcelone » et lui « présente du monde ». Au passage, l’ancien président de SCC rappelle que « l’affaire de la vidéo nazie n’a jamais été jugée pour cause de prescription ».
Il confie par ailleurs que Manuel Valls est « très motivé » pour se présenter, ajoutant que lui ne le ferait pas s’il était à la place de l’ancien Premier ministre. « L’ambiance est trop pesante à Barcelone, j’ai dû déménager à cause des menaces des indépendantistes et ma fille s’est faite agresser » explique-t-il. Egalement contacté par Equinox, Ciutadans assure de son côté n’avoir « aucune idée » des intentions réelles du Français.