L’Espagne cherche sa place auprès des grandes puissances internationales. La tâche n’est pas aisée.
Ancien empire dominant, l’Espagne doit depuis le XXe siècle se contenter d’être la 4e puissance d’Europe. Si on la compare à la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, l’Espagne est un pays déclassé, plus ou moins au même rang que sa grande concurrente italienne.
Il n’empêche que l’Espagne est reconnue internationalement. Le Madrid de la dictature a joué un rôle important dans l’équilibre Est-Ouest pendant la guerre froide. Les Etats-Unis ont composé avec le régime dictatorial franquiste pour freiner le communisme conquérant de l’époque.
A partir de 1981, la démocratie rétablie, la présence internationale de l’Espagne tournait autour de son désir de s’insérer au sein de l’Europe. Le gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez a dû soumettre le pays à un certain nombre de changements pour voir sa candidature acceptée afin de rejoindre le club des nations européennes. Le succès des Jeux Olympiques de Barcelone marquèrent les décennies 90.
La diplomatie espagnole a vécu ses heures de gloire durant les années 2000. Georges W. Bush, victime de l’opposition de la France dans la guerre contre l’Irak, trouvera un allié plus que fidèle en Espagne avec le premier ministre conservateur Jose Maria Aznar. L’Espagne pouvait s’asseoir au côté des grands de ce monde : les Etats-Unis et l’Angleterre.
En 2004, les socialistes reviennent au pouvoir en Espagne, et se retirent de l’Irak. La présidence Obama ne sera pas tournée vers l’Espagne qui disparaît des radars. Madrid sera de retour sur les écrans internationaux pour les ravages de la crise économique de 2009-2012. L’Espagne fait peur : frappée par le chômage, par la ruine, une intervention financière du même acabit que celle pratiquée en Grèce pourrait faire exploser de manière définitive l’euro.
Le conservateur Mariano Rajoy prend les rênes du pays, et applique sans broncher l’amère potion que lui dicte la commission européenne : assouplissement du code du travail, facilitation des licenciements, réductions des indemnités chômage. Du coup, l’Espagne devient célèbre avec les Indignés. Ces jeunes citoyens campant sur les places du pays, Madrid et Barcelone en tête, manifestant contre les politiques d’austérité menées tambour battant par le président Rajoy.
Les Indignés passent de mode, de nouveau l’Espagne disparaît de la scène mondiale. Mariano Rajoy, dénué de charisme, sans projet politique, renvoie l’Espagne à son image de pays du sud coupé des grandes décisions franco-allemandes. Il faudra la déclaration d’indépendance catalane pour que l’Espagne, contre sa volonté, soit de nouveau sous les projecteurs. Même si tous les pays ont fait bloc autour de Madrid, la photo de famille n’était pas glorieuse pour le premier ministre Rajoy surtout après les violences policières qui ont marqué le référendum.
La nouvelle page qu’écrit le nouveau président socialiste Pedro Sanchez avec sa mesure d’accueillir le bateau de réfugiés Aquarius a donné de l’Espagne une image progressiste et ouverte. Une volonté qui reste à prouver dans les faits. Dans son podcast mensuel, la journaliste d’Equinox Leslie Singla a laissé la parole à Winnie, une jeune Camerounaise vivant à Barcelone, qui décrit une réalité moins idéalisée que celle mise en avant par le gouvernement (écoutable ici).
Face à la fermeture de l’éternelle rivale italienne, le premier ministre Pedro Sanchez a réussi son coup : faire joliment reluire l’Espagne à vocation multiculturelle. Les indépendantistes catalans restent en embuscade pour mettre à l’épreuve « la nouvelle Espagne » de Pedro Sanchez. Les ambassades catalanes ont rouvert cette semaine après leur fermeture suite à la déclaration d’indépendance.