La tension redevient maximale entre la Catalogne et l’Espagne. Washington a été hier le terrain d’affrontements entre la délégation catalane et l’ambassadeur espagnol.
Le gouvernement catalan cherche à raviver la tension avec l’Espagne. Le socialiste Pedro Sanchez a réussi à faire tomber le conservateur Mariano Rajoy avec une grande coalition incluant les votes des députés indépendantistes. Une manœuvre qui n’était pas soutenue par Carles Puigdemont. L’ancien président pense que la stratégie de la confrontation est la meilleure pour que la Catalogne obtienne son indépendance. Mariano Rajoy avec sa fermeté était l’adversaire idéal pour le camp indépendantiste qui tente de démontrer internationalement que, selon leur vision des choses, l’Espagne n’est pas une pleine démocratie.
Puigdemont et le président actuel de la Catalogne Quim Torra ne veulent laisser aucune marge de manœuvre à Pedro Sanchez réputé plus souple que les conservateurs. Sanchez et Torra vont officiellement se rencontrer le 9 juillet prochain à Madrid. Le président catalan a déjà annoncé qu’il allait demander officiellement au Premier ministre qu’un nouveau référendum indépendantiste soit organisé.
La tension va aller crescendo d’ici le 9 juillet. Le président catalan est en visite officielle depuis hier à Washington à l’occasion du festival américain Smithsonian Folklife qui met à l’honneur la musique catalane. Hier soir lors du dîner officiel d’inauguration du festival, un violent choc a eu lieu entre l’ambassadeur d’Espagne à Washington et la délégation catalane.
Violents discours
Le président catalan a prononcé un court discours de quatre minutes mais extrêmement dur contre l’Espagne.« Nous luttons contre l’état d’urgence et les injustices subies par des personnes comme le président Puigdemont, contraint à l’exil, et tous les autres prisonniers politiques. Ces rubans jaunes que nous portons sont pour eux », a déclaré Torra, interrompu par les applaudissements du public (près de la moitié venu de Catalogne pour participer au festival). « Le droit à l’autodétermination est essentiel pour le peuple de Catalogne, a insisté Torra, nous ne devons jamais cesser de défendre la liberté, car la liberté d’une nation est la liberté de tous les autres nationaux ».
Le visage fermé, visiblement agacé, l’ambassadeur espagnol a répondu sur le même ton. Après avoir fait remarqué que la Catalogne jouissait d’un niveau élevé d’autonomie gouvernementale, l’ambassadeur Morenés s’est lancé dans un réquisitoire contre la politique de l’actuel gouvernement catalan.
« Laissez-moi dire les faits et les chiffres exacts de la propagande qui a été diffusée aujourd’hui par le président de la Generalitat » a déclaré le diplomate entre les huées. « Il n’y a pas de prisonniers politiques en Espagne, il n’y a pas que moi qui le dit mais aussi des rapports d’Amnesty International et de Human Rights Watch. Il y a des politiciens qui malgré tous les avertissements (…) ont décidé de contrevenir à la Constitution espagnole et de violer la loi (…) il y a des hommes politiques en prison, parce qu’ils ont enfreint la loi » a défendu l’ambassadeur. « Honorable président, vous vous rappellerez que la plupart des Catalans n’ont pas voté pour des partis sécessionnistes (…) il y a des Catalans ne veulent pas l’indépendance « a affirmé Morenés.
Le président catalan Quim Torra et sa ministre de la Culture Laura Borràs ainsi que le reste de la délégation catalane se sont levés de la table et ont quitté l’événement. Dans une confusion totale, la police américaine a par la suite empêché la délégation de revenir à l’intérieur de la salle.
De son côté, le gouvernement socialiste tente de faire baisser la tension avec la Generalitat. Le ministère de l’Intérieur espagnol commence la procédure pour que les anciens ministres de Carles Puigdemont incarcérés à Madrid puissent être transférés dans une prison catalane. Par ailleurs, le leader de Podemos, Pablo Iglesias, avec la bénédiction du Premier ministre Sanchez, tente une opération conciliation en entretenant le dialogue avec Quim Torra. Une démarche qui risque de s’écraser sur la demande de référendum formulée par le gouvernement catalan.