Quim Torra, président de la Generalitat, désobéit à l’État espagnol en incorporant dans son gouvernement les anciens ministres de Puigdemont qui sont incarcérés ou en exil. Les doutes sur la levée de l’article 155 qui suspend les compétences de la Catalogne demeurent. Le tribunal constitutionnel devrait invalider la nomination des ministres qui ne sont pas présents à Barcelone. Un remaniement ministériel devrait avoir lieu dans les jours qui viennent.
Ministre adjoint à la Présidence : Jordi Turull (incarcéré)
Jordi Turull, 51 ans, a été une pièce majeure lors du référendum et de la déclaration d’indépendance. Il a géré toute la communication du référendum et la diffusion des publicités autour du référendum qui avaient été interdites par la justice espagnole. Rétabli dans ses fonctions, pas sûr que Turull reste longtemps au gouvernement, le tribunal constitutionnel espagnol devrait annuler les nominations des ministres incarcérés.
Vice-président et ministre de l’Économie et du Trésor public : Pere Aragonès
Le chef du gouvernement étant un membre du parti de Carles Puigdemont (centre-droit), l’accord gouvernemental prévoit que la prestigieuse vice-présidence revienne à un membre de la gauche républicaine (ERC). C’est Pere Aragonès, actuel leader du parti, qui occupe le poste en cumul avec le ministère de l’Économie. Comme la ministre des entreprises Elsa Artadi, c’est un spécialiste des questions économiques, et lui aussi est diplômé de l’université américaine d’Harvard.
Ministre des Affaires, Relations institutionnelles et extérieures et Transparence : Ernest Maragall
Surprise de ce gouvernement. Ernest Maragall, ex-poids lourd socialiste, frère de l’ancien président de la Catalogne Pascal Maragall et petit-fils du célèbre poète catalan Joan Maragall, hérite du ministère des affaires étrangères. Un poste doublement délicat. Le futur ministre devra gérer les relations avec un Puigdemont omniprésent et devra défendre la réouverture des ambassades catalanes. Un nouveau casus belli avec le gouvernement espagnol qui menace d’appliquer l’article 155 sur ce ministère, tant l’internationalisation du conflit indépendantiste est un caillou dans la chaussure de l’Espagne.
Ministre des Politiques digitales et de l’Administration publique : Jordi Puigneró i Ferrer
Les Politiques digitales, c’est une nouvelle aire que Carles Puigdemont a voulu mettre en avant. Il estime que la Catalogne est en avance sur les nouvelles technologies et ce ministère devra aider l’avant-garde catalane dans ce domaine. Par ailleurs, ancien secrétaire des télécommunications de la Generalitat, Jordi Puigneró avait refusé de rencontrer le roi d’Espagne Felipe 6 lors du dernier Word Mobile Congress.
Ministre des Entreprises, de la Connaissance et Porte-parole du gouvernement : Elsa Artadi
Elsa Artadi, bras droit de Carles Puigdemont, est la nouvelle figure phare de ce gouvernement. Elle aura la tâche de réconcilier le monde des affaires avec l’indépendantisme. Proche d’Artur Mas et de son ministre de l’Économie Andreu Mas-Colell, elle fut la créatrice de la loterie catalane La Grossa, qui a connu un succès mitigé. Avant la tempête indépendantiste, elle était proche des cercles économiques catalans. Son doctorat obtenu à l’université d’Harvard rassure. Elsa Artadi est l’incarnation physique de cette bourgeoisie catalane qui a évolué au fil des mois vers le désir de la déclaration d’indépendance unilatérale.
Ministre de l’Intérieur : Miquel Buch
Le ministre de l’intérieur Miquel Buch est l’ancien maire de Premià de Mar et ex-président de l’association des mairies indépendantistes. Il a un profil radical. Il aura la lourde tâche de diriger le corps des Mossos d’Esquadra, pointés du doigt par le gouvernement espagnol suite à leur supposée passivité le jour du référendum. L’éventuelle restitution du chef de la police poursuivi par la justice Jose-Luis Trapero est sur la table.
Ministre de l’Éducation : Josep Bargalló
Josep Bargalló était déjà ministre de l’éducation en 2004. Il devra défendre l’usage du catalan comme langue principale dans les écoles, une pratique dénoncée par le gouvernement espagnol.
Ministre de la Santé : Toni Comín (en exil à Bruxelles)
Toni Comin est en exil à Bruxelles, par conséquent le tribunal constitutionnel devrait invalider sa nomination. Il est à l’origine du « sms gate » en janvier dernier. Des journalistes avaient pu filmer, sur son téléphone portable et à son insu, des messages privés de Carles Puigdemont qui faisait part de sa démotivation. Le secteur de la santé est impatient d’avoir de nouveaux financements qui sont bloqués depuis la mise en marche de l’article 155
Ministre de l’Industrie : Josep Rull (incarcéré)
Josep Rull retrouve son poste de l’industrie. Mais incarcéré à Madrid, il ne devrait pas pouvoir rester au gouvernement.
Ministre de la Culture : Lluís Puig i Gordi
En exil à Bruxelles, Lluis Puig est réintégré au ministère de la culture. Une nomination qui devrait être suspendue par les tribunaux espagnols.
Ministre de la Justice : Ester Capella
Jusqu’ici, Ester Capelle était sénatrice de la gauche républicaine ERC.
Ministre du Travail, des Affaires sociales et de la Famille : Chakir El Homrani
Le syndicaliste Chakir el Homrani devient ministre catalan du travail.
Ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation : Teresa Jordà
Teresa Jordá est la maire de Ripoll.