Aucun ancien président de la Generalitat n’aura eu le pouvoir de Carles Puigdemont : choisir directement le nom de son successeur. Dans une vidéo enregistrée depuis Berlin, Carles Puigdemont a demandé au parlement d’investir Quim Torra 131e président de la Generalitat.
Pour prendre sa suite, Carles Puigdemont a choisi avec Quim Torra un président qui partage sa ligne jusqu’au boutiste. Écrivain, journaliste, ancien président de l’association indépendantiste Omnium, dont le leader Jordi Cuixart est incarcéré depuis le mois d’octobre dernier, Quim Torra semble en totale adéquation avec la précédente législature qui a conduit à la déclaration d’indépendance. « Si nous continuons comme ça dans quelques années, nous courrons le risque de devenir aussi fous que les Espagnols eux-mêmes » écrivait-il en 2012 sur son compte twitter. Un certain nombre de propos chocs vont probablement être déterrés par la presse dans les prochaines heures. Car si Torra est inconnu du grand public, il est célèbre dans les milieux souverainistes.
Tour à tour membre de l’association ANC, président d’Omnium, fondateur de la revue Revista de Catalunya, directeur du musée du Born, il est omniprésent dans les milieux souverainistes. Torra locataire du Palau de la Generalitat à Barcelone, Puigdemont à la tête de « son espace libre pour la République », les deux indépendantistes devraient former un tandem politique pour tenter de pousser le gouvernement de Mariano Rajoy dans les cordes. « Le discours de Torra sera très républicain, il connait bien la réalité du pays et il ne fera pas d’ombre à Puigdemont, il est là pour servir le pays » analyse Oriol March dans le journal NacioDigital.
Comme Carles Puigdemont, Quim Torra a pour ambition d’emmener la Catalogne vers son indépendance. Il n’est pas exclu qu’il passe par des actions unilatérales comme son prédécesseur. La machine indépendantiste est repartie pour un tour.
Investiture rapide
Le calendrier de l’investiture va être rapide. Le président du parlement, comme l’exige la loi va consulter les différents groupes politiques de la chambre catalane. Il proposera ensuite officiellement Quim Torra au débat d’investiture qui aura lieu lundi. La Cup a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne voterait pas pour Quim Torra, le programme proposé n’étant pas assez indépendantiste pour l’extrême-gauche. En revanche pour protester contre la répression espagnole, les quatre parlementaires ont assuré qu’ils s’abstiendraient pour ne pas laisser la Catalogne aux mains du gouvernement Rajoy via l’application de l’article 155. N’ayant pas la majorité absolue sans La Cup, le camp indépendantiste devra se soumettre à un second tour de vote qui aura lieu mercredi. Lors de ce deuxième vote, la majorité simple (plus de oui que de non) suffira pour investir Quim Torra. La droite et la gauche indépendantistes disposant de 66 députés contre les 65 parlementaires en faveur de l’unité de l’Espagne, le vote de Quim Torra sera gagné mercredi. La cérémonie de prise de possession où Quim Torra recevra la médaille de la Generalitat et passera en revue les Mossos d’Esquadra, la police catalane, aura lieu vendredi. Le lendemain, le nouveau président s’envolera vers Berlin pour rencontrer Carles Puigdemont.
Fin de l’article 155
Le premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement aura lieu mardi 22 mai. Logiquement, l’article 155 qui suspend l’autonomie de la Catalogne prendra fin. Par décret, les ministres espagnols transféreront leurs compétences à leurs homologues catalans. La mission prioritaire du nouvel exécutif sera de débloquer les financements des secteurs de la santé, de la recherche, des universités et des médias de service public. Un des points de friction avec le gouvernement espagnol sera la réouverture de la diplomatie catalane et des ambassades qui ont été fermées et démantelées lors de l’application de l’article 155. L’exécutif de Mariano Rajoy estime que ce réseau est contraire à la constitution dans la mesure ou il est utilisé pour promouvoir l’indépendance de la Catalogne internationalement.
L’intégralité des événements de l’investiture sera à suivre en temps réel sur equinoxmagazine.fr