Pharmacies, magasins, rues, hôpitaux et maintenant rames du métro, les lieux dotés de vidéoprotection se multiplient à Barcelone depuis sa genèse au début des années 2000. Le but de ce dispositif : « prévenir et détecter les actes délictuels », selon la police de Barcelone, la Guardia urbana. Des actes qui grimpent en flèche à l’arrivée de la belle saison et des touristes.
Installer des caméras de surveillance dans les rues de Barcelone, cela ne dépend pas que du bon vouloir de la mairie. La Ville doit en émettre la demande auprès du ministère de l’intérieur catalan. Le Tribunal supérieur de justice de Catalogne aura ensuite la charge d’approuver ou non. Pour que la requête soit validée, elle doit répondre à une situation de réelle insécurité et respecter un juste équilibre entre la prévention et le respect de la vie privée des citoyens. Car les habitants à monter au créneau contre une société de plus en plus surveillée par Big brother ne sont pas rares. En visitant Barcelone ou en allant faire ses courses, le passage de tout un chacun peut être enregistré plusieurs fois sur son parcours. Cependant, là aussi, la législation est très stricte et, hors enquête, les fichiers doivent être supprimés au bout d’un mois maximum.
Accès limité aux forces de l’ordre
Le visionnage des images filmées est réservé aux forces de l’ordre dans le but d’intervenir sur des cas de vols, d’agression, de braquage, ou encore d’actes terroristes. L’effet dissuasif de ces caméras est aussi mis en avant par ses défenseurs. Face aux contestataires, des habitants pressent à l’inverse les autorités pour l’installation de vidéosurveillance, comme ce fut le cas dans le Raval, le quartier Gotic et la Ciutat Vella (zone au plus fort taux délictuel). En Espagne, selon une étude menée en 2015 par le Centro de investigación sociológicas (CIS), 65% des personnes interrogées étaient en faveur de la vidéosurveillance, et ce malgré l’impact sur la vie privée.
Dans les lieux privés comme des magasins, banques ou pharmacies, la loi de protection des données de 2007 exige que les clients soient informés de la présence de caméras. Ils doivent également avoir accès à toute information relative à la vidéosurveillance et peuvent demander à visionner les images correspondant à leur passage, voire leur suppression. Concernant les hôpitaux, la méthode s’est généralisée dans tous les établissements de la ville. Certains espaces en sont en revanche exempts comme les salles de consultation, les blocs opératoires, laboratoires et salles de biopsie.
Des images en direct dans le métro
Nouveau lieu favori des pickpockets, le métro est, avec ses 4 500 caméras dans les halles et plateformes, en proie à une modernisation de son dispositif. Le réseau TMB va appliquer le même équipement déjà présents dans les rames de ses lignes les plus récentes (9, 10 et 11) avec visionnage en direct. Actuellement, les images enregistrées dans les autres lignes sont transmises en différé et ne peuvent être consultées qu’à la fin du service du métro.
Bien que ce moyen de contrôle soit très encadré, aujourd’hui, difficile de savoir combien de caméras possède une ville. Dans un entretien à Diario información, Julio Perez, secrétaire de l’association espagnole des entreprises de sécurité, expliquait en 2015 que « beaucoup ne sont pas recensées ». « Lorsqu’une entreprise fait la demande d’installation de vidéosurveillance, l’agence espagnole de protection des données (AEPD) ouvre un fichier qui autorise l’existence d’au moins une caméra, précise-t-il. Bien qu’en réalité il puisse y en avoir cinq, dix ou vingt. »
Pourtant, selon le directeur général de l’administration de sécurité catalane de l’époque, Andreu Joan Martinez, en 2012, les rues de Barcelone étaient les plus surveillées de Catalogne avec 35 caméras. La communauté autonome, elle, en comptait 300 pour 81 communes.
Matchs de foot et concerts filmés
En 2016, la commission de contrôle du dispositif de vidéosurveillance de Catalogne a émis 168 autorisations d’installation de caméras, toutes confondues (fixes, mobiles ou de contrôle et de surveillance du trafic). Concernant les caméras fixes à Barcelone, la demande de la Guardia urbana concernant les nouvelles zones du port a été acceptée.
Les trois requêtes de la police catalane, les Mossos d’Esquadra ont été acceptées pour les journées du 1er mai, du 11 septembre et de la fête nationale. Cette commission fait aussi l’objet de demande de rénovation du système, comme celles, validées, placées au domicile de l’ancien président Artur Mas ou du Palau de la Generalitat, siège du gouvernement catalan. Des caméra fixes peuvent aussi être installées ponctuellement pour des événements comme un match de foot entre le Barça et le Real Madrid ou le concert du chanteur Bruce Springsteen, comme cela avait été autorisé il y a deux ans. À Barcelone, les premières caméras de surveillance avaient été expérimentées en 2001 dans une zone stratégique, la Ciutat Viella. Notamment, ironie du sort, sur la place Georges Orwell.