Le conseil départemental des Pyrénées-Orientales (Perpignan) demande à ce que la démocratie soit respectée en Catalogne.
Photo : Made In Perpignan
Depuis la déclaration d’indépendance, l’agitation médiatique orchestrée par Carles Puigdemont a obligé des pays, ou en tous cas leur justice, à évoquer le cas catalan. Allemagne, Belgique, Suisse ont été impliquées. Paradoxalement, la France, le pays voisin de la Catalogne et partageant une partie de l’histoire commune, est aux abonnés absents.
Le département français des Pyrénées-Orientales, voisine géographiquement de la Catalogne, est la première institution officielle à se positionner aujourd’hui sur le conflit en demandant une ouverture au dialogue. Par la voix de sa présidente, Hermeline Malherbe, il invite tous les élus du département à se mobiliser pour « la démocratie » outre-Pyrénées, tout en se défendant de prendre position pour l’indépendance de la Catalogne.
Appel à tous les élus des Pyrénées-Orientales
Dans un long discours, la présidente socialiste du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales Hermeline Malherbe (PS) a expliqué qu’ en « septembre,nous avions dénoncé déjà les atteintes aux droits et libertés fondamentales en Catalogne. Lors de la séance publique du 26 mars, nous avons à nouveau condamné les arrestations qui avaient lieu. Jeudi dernier, la donne a changé. On avait jusque là l’impression d’être un peu seuls en Europe. La justice allemande n’a pas retenu le rébellion dans les motifs de poursuites de Puigdemont. La justice belge n’a pas non plus retenu cette dimension. (…) Aujourd’hui, alors que des responsables politiques catalans font encore des propositions de dialogue, nous voulons faire entendre notre voix pour que la porte ne se referme pas. En France comme en Europe, il faut que cette situation ne soit pas sous-estimée. Il faut utiliser la brèche qui s’ouvre au niveau européen. Aujourd’hui, nous voulons faire un appel, aux maires, aux présidents de communautés de communes, aux conseillers départementaux, aux parlementaires. Il faut que l’ensemble des élus des Pyrénées-Orientales et au-delà se mobilisent. L’objet, ce n’est pas le sujet de l’indépendance de la Catalogne, l’objet, c’est de se prononcer pour la reprise du dialogue entre la Catalogne et l’Etat espagnol, la libération des prisonniers, et le retour des exilés. Le parlement catalan va tenter d’élire un président vendredi. Il est impérieux que le fonctionnement démocratique reprenne ses droits chez nos voisins. »
L’ensemble de la majorité fait bloc derrière sa présidente et les communistes qui dirigent le département aux côtés des socialistes vont dans le même sens. « Quand la démocratie et les valeurs républicaines sont en danger, croire que c’est un problème uniquement espagnol, c’est faire une erreur grave. Le passé nous l’a montré, a ajouté Nicolas Garcia, vice-président du Conseil départemental, hier une jeune fille qui était sur écoute, on ne sait pas pourquoi d’ailleurs, s’est retrouvée en prison, parce qu’elle disait au téléphone, « il faut bloquer le port de Barcelone ». (…) Quand on est responsable politique français, on doit prendre position. On ne prend pas position sur l’indépendance, mais sur le problème de fonctionnement démocratique. Ce n’est pas une histoire de farfelus romantiques qui veulent se séparer. C’est une histoire de démocratie ».
Par ailleurs, une association qui regroupe 129 maires dans le département des Pyrénées-Orientales, a déjà signé un manifeste appelant au dialogue. Le sénateur des Républicains de Perpignan François Calvet (LR) et 28 maires y ont apporté leurs signatures.