Suite à l’annulation de l’élection de la députée Samantha Cazebonne, les électeurs de la 5e circonscription des Français de l’étranger (Espagne-Portugal-Andorre-Monaco) étaient de nouveau appelés aux urnes dimanche. Moins de 8% d’entre eux se sont déplacés.
Par A. Chamerois et I.Moutia
Une élection pour rien? Alors que Samantha Cazebonne (La République En Marche) avait clairement gagné en juin 2017 avec 50,4% des suffrages au premier tour et 66,2% au second, le Conseil constitutionnel a décidé d’annuler son élection suite à un recours de la candidate Laurence Sailliet (Les Républicains). L’institution avait notamment constaté des irrégularités dans le vote par correspondance et un e-mail électoral envoyé la veille du scrutin par François Ralle Andreoli (Agissons Ensemble-France Insoumise) que celui-ci a toujours contesté.
Nouvelle élection donc et des résultats identiques au scrutin 2017. Samantha Cazebonne arrive en tête, elle sera face à François Ralle au second tour. « Organiser cette partielle suite à des irrégularités est la preuve que l’Etat de droit fonctionne bien » assurait le mois dernier un haut fonctionnaire français en Espagne.
L’Etat de droit fonctionne bien. Mais à quel prix.
Car les élections des Français de l’étranger coûtent cher. Le dispositif mis en place est plus complexe qu’en métropole (mise à disposition des postes et personnels consulaires, envoi du matériel électoral à l’étranger, coût du vote électronique).
Épinglée par la Cour des Comptes
La Cour des Comptes avait constaté, dès les premières législatives des Français hors de France en 2012, que la dépense par électeur inscrit était « nettement supérieure pour les inscrits à l’étranger que pour les inscrits en France avec un écart de l’ordre de 1 à 3 pour les élections présidentielle et législatives (20,50€ à l’étranger contre 7,45€ en France) ». Alors si on calcule le coût par voix, avec un taux d’abstention à plus de 92% comme dimanche dernier dans la péninsule ibérique, les chiffres s’envolent.
Quel avenir pour les circonscriptions de l’étranger?
L’abstention record à cette partielle de la 5e circonscription des Français établis hors de France posera une vraie question de légitimité du député élu. La plupart des candidats refusent de parler des thématiques qui préoccupent le plus les Français d’Espagne. Aucune solution concrète pour les établissements scolaires français, qui enchaînent actions et journées de grève pour tenter de préserver leur modèle, ou pour le financement des associations françaises de l’étranger (un nouveau dispositif a été mis en place pour remplacer la réserve parlementaire mais avec trois fois moins de fonds et des conditions mal définies). Omerta sur le processus séparatiste catalan, l’instabilité politique espagnole qui commence à gagner l’Europe, l’avenir de l’Europe en général.
« Il faut que l’on fasse un bilan. Quelle est la pertinence d’avoir des circonscriptions aussi grandes géographiquement où la participation est de 5 ou 10%? » confiait début avril une source gouvernementale à l’AFP. Entre les coûts générés et la forte abstention, les circonscriptions de l’étranger sont dans la ligne de mire du gouvernement d’Edouard Philippe qui a annoncé vouloir réduire de 30% le nombre de parlementaires et introduire une dose de 15% de proportionnelle.