Grève de la SNCF – Comment ça se passe en Espagne?

manifestation

Les syndicats de la SNCF ont débuté cette semaine un mouvement inédit : une grève intermittente de deux jours sur cinq pendant trois mois. Une perturbation du trafic ferroviaire jamais vue en France… et en Europe. 

Une grève « perlée », c’est l’idée des syndicalistes pour bloquer la circulation des trains jusqu’au 28 juin prochain. Ils protestent ainsi contre la fin de l’embauche au statut de cheminots, l’ouverture à la concurrence et la transformation de la SNCF en société anonyme, qui augure selon eux d’une prochaine privatisation.

Résultat : le trafic est extrêmement perturbé les jours de grèves annoncés mais également les autres jours de la semaine, le temps pour l’organisation du travail de se remettre en place. Pour les voyages prévus en avril, les billets sont échangeables ou remboursables sans frais ni surcoût, y compris pour les tarifs non échangeables et/ou non remboursables. La RENFE-SNCF propose aussi l’échange gratuit (jusqu’au 3 septembre) ou le remboursement intégral des voyages en TGV Espagne-France en avril. La mesure sera renouvelée en mai puis en juin en cas de reconduction de la grève.

Et en Espagne?

Un tel mouvement de grève apparaît comme démesuré à de nombreux Espagnols. Ici, la dernière grève convoquée par la Renfe devait durer 6 jours maximum, et a finalement été annulée suite à un accord avec la direction. La plupart des grèves ne durent pas plus de 24h et le service minimum est toujours respecté.

« C’est une question de mentalité et d’histoire, cela n’a rien à voir avec les lois ou encore la force des syndicats, les syndicats peuvent être tout aussi puissants en Espagne, affirme Josep Miró, économiste et expert en organisation du travail, mais les Espagnols pensent qu’un emploi, même précaire, c’est mieux que d’être sans emploi, et je caricature mais en France c’est un peu le contraire, on préfère ne pas avoir d’emploi qu’avoir un emploi précaire, on ne veut pas renoncer aux acquis sociaux ».

« C’est une catastrophe, ce sont des mois de travail mis à la poubelle, se désole le responsable d’une agence de communication barcelonaise qui avait planifié des voyages de presse en France avec les allers-retours en TGV, nous devons annuler trois mois entiers d’actions de promotion ». Assommé par l’ampleur du mouvement, l’entrepreneur ajoute qu’il hésite à organiser quelques voyages de remplacement en avion, Air France ayant aussi prévu des grèves qui pourraient perturber le trafic aérien.

Le débrayage des employés de la SNCF est particulièrement mal compris par les Ibères. « On ne peut pas avoir des différences pareilles entre les cheminots et le reste de la population, c’est un grief inacceptable, estime Josep Miró, et ce qui se passe en Espagne, c’est ce qu’il se passe aussi en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni, mais la France est différente »

La grève surprise des contrôleurs du ciel au début d’un week-end prolongé en décembre 2010 est encore dans toutes les mémoires. Le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero avait alors déclaré l’état d’urgence et demandé l’aide de l’armée. Les militaires ont assuré le travail des contrôleurs aériens et la grève avait pris fin au bout de quelques jours. La population, prise en otage pendant son long week-end du Pont de la Constitution, avait été particulièrement hostile au mouvement.

Le calendrier de la grève SNCF en France

sncf calendriergreve2018

 

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