Arrêté le 25 mars dernier en Allemagne suite à la réactivation d’un mandat d’arrêt européen, Carles Puigdemont doit attendre derrière les barreaux la décision du juge qui doit statuer sur la demande d’extradition faite par la justice espagnole.
Carles Puigdemont, qui est issu de la petite bourgeoisie géronaise, n’a jamais eu à se plaindre de ses conditions matérielles. Quand il était président de la Catalogne, il ne dormait pas au Palau de la Generalitat, la demeure officielle liée à sa fonction, mais rentrait chez lui dans sa villa familiale, par confort et pour déconnecter des affaires courantes. Lors de l’exil bruxellois, l’ancien chef catalan s’était loué une confortable maison dans le quartier cossu de Waterloo. Une bâtisse à 4500 euros par mois avec sauna dans toutes les chambres.
Depuis dimanche soir, changement de décor. Puigdemont est l’un des 570 détenus de la prison de Neumünster dans le nord de l’Allemagne. Le centre pénitentiaire date de 1901 et a survécu à deux guerres.
L’ancien président ne peut bénéficier que de deux heures de visites personnelles par mois, avec un agent de l’administration assis à ses côtés qui écoute les conversations et éventuellement un traducteur si la langue d’usage n’est pas l’allemand. En revanche, les visites liées à sa défense sont illimitées.
A priori dans le cas spécifique de Carles Puigdemont, les responsables politiques qui le visitent semblent être comptabilisés dans la case « défense », car nombreux sont les personnalités de son parti à faire le voyage en Allemagne. Addict à Twitter, l’ancien président n’a plus accès à Internet, mais devrait en revanche pouvoir passer dans les prochains jours des appels via Skype sous surveillance d’un agent pénitentiaire.
Puigdemont dispose d’une télévision dans sa cellule ainsi que de trois livres. Comme tous les prisonniers en détention préventive, qui n’ont pas encore été jugés, Puigdemont bénéficie d’un régime particulier offrant deux avantages. Le premier est de pouvoir commander la nourriture de son choix sans passer par les services de cuisine interne.
Le second « privilège » est de ne pas avoir un compagnon dans sa minuscule cellule de 4 mètres carrés. Une cellule qui possède un lit, un petit bureau et une douche.
Et en Espagne?
La douche individuelle, c’est le grand soulagement des membres de l’ancien gouvernement incarcérés à Madrid. Dans son livre Los entresijos del proces, le journaliste de Nacio Digital Oriol Mach raconte le quotidien des anciens ministres incarcérés à la prison de Soto del Real. La première démarche des prisonniers est d’avoir acheté une télévision. Ce qui leur a permis de suivre leur propre actualité judiciaire grâce à Las mañanas de Cuatro et Al Rojo Vivo, de La Sexta.
Les relations avec les autres détenus se passent plutôt bien. L’ancien vice-président Oriol Junqueras, historien de formation, a trouvé de nouveaux élèves qui l’écoutent religieusement dans la cour de promenade. Les puces dans les lits et la nourriture immangeable font toutefois partie de la nouvelle vie des ex-ministres.